mot

  • Le mot de Bernard Stoessel

    Milhüsa zweisprachig Strossdafflà oder wie m’r nawedra kat see

    Il y a deux manières d’être « à côté de la plaque », en matière de plaques bilingues.

    La première consiste à penser que, au mieux, cela n’est que du folklore, au pire, que cela ne sert à rien.
    Mélange d’inculture, de complexe identitaire et de germanophobie, cette attitude, encore trop fréquente bien qu’en recul, a pour origine et pour conséquence d’avoir de l’Alsace une vision étriquée de région française standard, copie conforme formatée d’entités administratives découpées en fonction d’un modèle centralisé.
    L’Alsace vaut mieux que cela et il est vital pour elle qu’elle résiste aux pressions, internes et externes qui voudraient la faire « rentrer dans le rang ».

    s’Elssass het a Seel : sini Sproch

    Eliminer sa langue, c’est tuer son âme. La faire vivre, par tous les moyens, en toutes circonstances, c’est la faire vivre. La rue est l’endroit privilégié de l’expression populaire. C’est là qu’elle doit avoir droit de cité, plus qu’ailleurs. Les plaques bilingues sont là pour éveiller les consciences endormies des dialectophones et susciter l’intérêt de ceux qui n’ont pas eu la chance d’être nourris, dès le plus jeune âge, par les saveurs d’un dialecte aux multiples richesses, clef pour avoir accès facilement à l’allemand standard dont il est si proche. Une politique volontariste en faveur des plaques bilingues est donc indispensable.

    La deuxième manière d’être « à côté de la plaque » sur ce sujet consiste à penser que cette initiative est suffisante pour que l’atout que constitue le bilinguisme ne se perde pas. Ceux qui le croient ou font semblant de le croire sous-estiment le danger que courent les jeunes générations de voir le patrimoine linguistique de notre région être définitivement et irrémédiablement perdu. Aujourd’hui, même ceux qui étaient insensibles ou méfiants par rapport au contenu identitaire du bilinguisme sont obligés de convenir que l’avenir de la situation économique et de l’emploi de l’Alsace est largement lié à celui du développement des capacités linguistiques des jeunes alsaciens. Par rapport à cet enjeu, la politique des plaques bilingues est un signal important, mais elle n’est que le signe d’une sensibilisation et d’une prise de conscience. Elle ne peut pas tenir lieu de politique linguistique. Elle est donc nécessaire, mais pas suffisante.

    Ce qu’il faut, pour l’Alsace, c’est une politique linguistique globale, élaborée en concertation avec tous les partenaires des pouvoirs publics, de l’éducation, de la formation, de la culture, des médias, des associations…. Alli muen metmachà !

    Ne pas la mettre en œuvre, ce serait, à coup sûr, pour l’Alsace, être à côté de la plaque. « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »*, mais il n’est pas interdit d’avoir de l’espoir pour agir, ni de se féliciter des réussites pour poursuivre l’effort.

    La promotion des plaques bilingues faite par ce site en est une, exemplaire au sens fort du terme. Merci à François Guemguem et Patrick Hell d’en être les initiateurs méritants et les infatigables animateurs.

    Vilmol merci un vergassa’s net, met zweisprachig Strossdafflà, kat m’r sich nem verliere en Milhüsa !


    30 novembre 2007

    *(Citation attribuée à Guillaume d’Orange, reprise d’un aphorisme de Charles le Téméraire)

    Bernard Stoessel
    Vice-Président du Conseil Régional
    Président de la commission Formation initiale, éducation et enseignement de la langue régionale
    Adjoint au Maire de Mulhouse
    Mouvement Démocrate (MoDem) – 2008
  • Le mot de Gérard Freulet

    Aussi éloignées de la nostalgie passéiste de temps révolus que de la table rase chère aux ennemis de toute identité, les plaques bilingues témoignent d’une volonté de préserver les racines de notre bonne ville pour lui permettre de se tourner avec assurance vers son avenir.
    Ville à bien des égards atypique, Mulhouse n’en reste pas moins profondément alsacienne, même si ses élites ont pratiqué plus tôt qu’ailleurs dans notre province la langue nationale. Ville industrielle, Mulhouse s’est nourrie d’une immigration sans cesse renouvelée, mais à l’origine surtout sundgauvienne.
    Les plaques bilingues rappellent d’une certaine manière ces temps glorieux du « Manchester français », où cohabitaient la fabricantocratie francophone et le prolétariat dialectophone.
    Certes l’alsacien a beaucoup régressé à Mulhouse et ce, avant même qu’une immigration trop souvent subie, pour ne pas dire encouragée, aux origines variées ait ajouté ses strates aux plus anciens sédiments régionaux. L’abandon du dialecte s’est trouvé aussi peu d’adversaires à une certaine époque que le sacrifice du patrimoine architectural de la ville n’a rencontré d’obstacles.

    Ces temps sont heureusement révolus. Une politique patrimoniale active existe. L’heureuse systématisation de plaques bilingues complète harmonieusement ce retour aux sources dont ne peuvent se passer ni les individus ni les sociétés pour aller de l’avant. Un proverbe canadien résume bien la situation « on ne déracine jamais un érable »!

    Il est regrettable à cet égard que de récentes et prestigieuses réalisations, à l’instar de la Fonderie n’aient pas été concernées par cette réappropriation des racines, puisque la référence à la « Giesserie » y est quasi-inexistante. De même qu’ on pourra trouver souhaitable que des lieux emblématiques et centraux de notre ville, la Porte Jeune par exemple, reçoivent de manière visible une double dénomination bilingue.
    Plus encore il faut déplorer l’insuffisante prise en compte à divers niveaux de l’importance décisive pour Mulhouse du bilinguisme à l’école. Enfin autre témoin caractéristique, l’épisode récent des professions de foi bilingues, repêchées in-extremis, alors que le Ministère avait décidé, sans concertation, de les supprimer !
    Puissent ces plaques rappeler à nos élites d’aujourd’hui, souvent aussi obnubilées par l’anglais que leurs devancières le furent par le français, que Mulhouse est d’abord en Alsace, dans un bassin industriel qui compte l’une des métropoles suisses les plus dynamiques et qui est de langue allemande. S’en couper par un oubli de l’alsacien serait se couper de notre avenir comme de notre passé.

    Gérard FREULET
    Mouvement Pour la France (MPF) – 2008

    A

  • Le mot d’Arlette Grosskost

    La langue est – et doit rester – un patrimoine essentiel et vivant : elle caractérise l’identité profonde d’une région, puise dans ses racines historiques et culturelles, forge le lien qui relie et unit les générations.

    Ce patrimoine, nous en sommes tous les dépositaires, les vecteurs, les promoteurs : il nous revient de le défendre, chacun avec sa volonté, ses moyens, son inventivité. L’initiative originale menée par les concepteurs de ce site rejoint les interventions que je peux engager auprès du Gouvernement pour défendre et valoriser notre patrimoine linguistique, qu’il soit régional ou local.

    Une telle initiative, « populaire » au bon sens du mot, est plus que jamais la bienvenue dans une ville dont l’histoire et la population se conjuguent au pluriel ; elle mérite vraiment d’être connue et reconnue. Alors, penser global, agir local … oui, mais en alsacien, si possible !

    Arlette Grosskost
    Députée du Haut-Rhin
    Vice-Présidente du Conseil Régional d’Alsace – 2007
    Union pour la Majorité Présidentielle (UMP)
  • Le mot de Charles Buttner

    Le poète et conteur dialectal Charles-Frédéric Hartmann écrivait voila près de deux siècle “ Schäm’ dich deiner Mundart nicht, Wenn nur treu und wahr se spricht ! » (N’aie pas honte de ton dialecte, pourvu qu’il s’exprime avec fidélité et sincérité ! )
    De honte pour promouvoir ce patrimoine linguistique remarquable que constitue pour notre département le dialecte, nous ne devons pas en avoir.

    Au contraire, nous devons ardemment promouvoir et transmettre aux plus jeunes générations notre dialecte et notre double culture latine et germanique héritée de notre histoire mouvementée et ferment de notre identité. Le conseil général du Haut-Rhin que j’ai l’honneur de présider mène une action exemplaire visant à développer et conforter l’apprentissage du dialecte. Car, il est un atout remarquable pour l’attractivité et la compétitivité de notre département solidement ancré dans l’espace du Rhin supérieur.

    A ce titre, je tiens à saluer et encourager toutes les initiatives contribuant à promouvoir le dialecte dans le Haut-Rhin auxquelles bien souvent s’est associé le Conseil Général. Charles Buttner Président du Conseil Général.

    Charles Buttner
    Président du Conseil Général.
    Union pour la Majorité Présidentielle (UMP) – 2007
  • Le mot de Patrick Binder

    L’intérêt Régional : la défense de notre identité régionale alsacienne… L’Alsace n’est pas née du jour au lendemain. Son existence, sa culture, sa prospérité sont le fruit d’efforts et de luttes qui se sont poursuivis sur des siècles. Ainsi, notre identité régionale est rattachée de fait à une identité nationale, à la conscience d’un destin commun. Et c’est par notre particularisme local que nous défendons ce sentiment commun d’appartenance à la nation.

    Notre conception de l’identité régionale alsacienne met au premier plan l’héritage culturel, l’héritage de la mémoire, l’héritage de la terre de nos pères.

    Renan disait : « Une région a une âme, un principe spirituel. L’un est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs, l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de faire valoir notre héritage »

    « Ich red wie m’r d’r Schnawel g’wachse isch ! » weil « E Volk wu sini Sproch uf’git, Behaltet sin Karakter nit ».

    C’est pourquoi, la politique de l’installation de plaques de rues bilingues, c’est donner un nouvel élan à l’alsacien afin d’assurer la promotion de l’identité régionale. Dans une économie en évolution constante et au sein d’une Europe en quête d’identité, les Alsaciens doivent plus que jamais affirmer leurs spécificités locales et promouvoir leur culture. Il est aujourd’hui, important de multiplier les initiatives en faveur de la sauvegarde et de la promotion du patrimoine linguistique régional, de contribuer à l’affirmation de la spécificité alsacienne et de mettre en valeur la mémoire des lieux. L’installation de plaques de rues bilingues n’est bien évidemment qu’une étape.

    Oui, l’Alsacien doit redevenir une réalité et il faut à nouveau le rendre visible, le rendre réel.

    C’est ce que vous contribuez à faire au travers de votre site. Bravo.

    Patrick Binder
    Conseiller Régional. Conseiller Municipal de Mulhouse – 2007
    Front National (FN)
  • Le mot de Djamila Sonzogni

    Il est important, de généraliser les plaques bilingues partout dans notre région, dans tous les quartiers…
    Mais cette question n’est pas polémique. Tout le monde est d’accord pour mettre des plaques bilingues… le débat c’est où, dans quel dialecte…
    Pour moi, c’est partout et aussi dans les quartiers populaires où vivent de nombreux enfants d’immigrés car ce sont des français et des alsaciens à part entière et qu’ils ont le droit de connaître l’histoire de leur région tout comme l’histoire de leur région d’origine nous apporterait beaucoup.
    Dans quelle dialecte ? On ne peut pas écrire le nom des rues en quatre exemplaire, c’est pourquoi je pense qu’il faut utiliser le dialecte local. Mais cela dit, pour moi la question des plaques bilingues c’est l’arbre qui cache la forêt, car c’est du bilinguisme, de la défense des cultures régionales dont il s’agit. question. Cette problématiques des cultures régionales, du bilinguisme et même du multilinguisme me touche personnellement.
    Etant française d’origine algérienne, j’ai baigné depuis toujours dans le multilinguisme et les cultures régionales. J’ai toujours entendu parler français et kabyle (et même un peu l’arabe dialectal) en alternance à la maison. Ça ne m’a pas empêchée de réussir mon insertion dans la société… bien au contraire.

    Ce n’est pas un hasard si j’ai adhéré pleinement à un parti politique comme Les Verts qui a toujours inscrit dans son programme la défense des langues et cultures régionales ou minoritaires.

    La question du bilinguisme et de la préservation des langues régionales est une question primordiale, les enjeux sont nombreux : économique, touristique, culturel. Ce que je peux constater, c’est qu’on ne peut pas dire que les Français et même les jeunes soient aujourd’hui au top en ce qui concerne la maîtrise des langues étrangères.

    J’étais certaine quand j’avais une vingtaine d’années et je n’étais pas la seule que nos enfants seraient tous bilingues voire trilingues…. Or il n’en est rien…
    A l’heure de la mondialisation où tout s’échange dans le monde entier – surtout les marchandises et les capitaux – où l’on peut communiquer instantanément avec des pays qui sont de l’autre côté de la planète, nous ne sommes pas capables de parler couramment plusieurs langues…
    Encore pire, alors que nous sommes dans une région frontalière avec des pays germanophones, alors que l’allemand a des racines communes avec nos dialectes pour ne pas dire qu’il fait partie de notre dialecte et de notre culture, la langue allemande recule en Alsace…
    Le dialecte aussi d’ailleurs, vous l’avez tous constaté…
    Les Alsaciens auraient dus exceller en allemand… ça aurait du être facile…
    Quel gâchis… quand on pense à tous les échanges économiques, les créations d’emplois – pour ne pas dire les pertes d’emplois -, sans parler de l’aspect culturel que nous sommes en train de rater…

    Aujourd’hui nos plus proches voisins (allemands et suisses) ne recrutent plus en Alsace parce qu’ils ne trouvent pas assez de personnes maîtrisant l’allemand oral et écrit… et les frontaliers alsaciens sont de plus en plus nombreux à pointer à l’ANPE. Combien d’entreprises ratent des marchés parce que nous ne nous sommes pas donnés les moyens pour que les alsaciens maîtrisent la langue allemande..
    Nous misons sur des pôles de compétence tels que l’automobile, le textile, la recherche thérapeutique…
    Et pourquoi pas un pôle de compétence linguistique allemand-français transversal au développement économique, à la formation, à l’éducation, au tourisme, à la culture…
    Pourquoi ne nous donnons-nous pas les moyens pour faire de l’Alsace une région bilingue…
    J’ai esquissé l’apport économique du bilinguisme français-allemand mais on pourrait aussi parler de l’apport touristique.
    Les touristes germanophones sont de moins en moins nombreux en Alsace… Le personnel ne parle plus allemand, les plaquettes sont éditées en français et en anglais…
    Un personnel qui maîtriserait mieux l’allemand, une communication en français et en allemand attireraient sûrement plus de monde surtout pour les courts séjours où les vacanciers veulent se reposer sur un accueil confortable…
    Qu’est ce qu’on doit faire pour y arriver ?
    La première chose c’est la formation dès le plus le jeune âge avec le renforcement et le développement des écoles bilingues…
    Certains affirment que s’il n’y a pas plus d’écoles bilingues c’est parce que les parents ne le demandent pas…
    Ce n’est pas tout à fait vrai, puisque l’an dernier des parents qui l’avaient demandé ont été déboutés par le TA… (buhl, obernai, seppois le bas)
    Et puis si les parents ne le demandent pas c’est parce qu’ils ne sont pas informés…
    Moi même mère de famille, depuis que je vis en Alsace, où mes enfants ont été scolarisées dès le primaire, alors que j’ai fait partie d’associations de parents d’élèves, siégé dans les CA, ou les Ce, je n’ai jamais assisté à une information expliquant ce qu’était une école bilingue, quels intérêts ça pouvait apporter et quelles conditions pour ouvrir une classe bilingue…
    Après c’est facile de dire que les classes bilingues ne concernent que les enfants de privilégiés, si seuls les parents les plus initiés sont au courant de cette possibilité… Evidemment en général, les parents les plus initiés n’habitent dans les quartiers populaires…
    On dit aussi que les classes bilingues sont utilisées pour contourner la carte scolaire, je ne sais pas si c’est vrai mais si tous les parents dans tous les milieux étaient informés ça changerait la donne.
    Surtout si on explique aux parents que les enfants scolarisés dans les classes bilingues réussissent mieux, que le fait d’apprendre une langue tout petit permet d’apprendre d’autres langues plus facilement.

    Je ne pense pas qu’il faille imposer le bilingue partout mais au moins informer les parents et leur donner le choix pour que la loi en la matière soit appliquée. La loi en la matière c’est que si un nombre défini de parents demandent que leurs enfants suivent une éducation bilingue, on ouvre une classe… dans l’école dont dépendent les enfants.
    Je suis persuadée que si les parents étaient informés de cette possibilité et de ces apports, il y aurait beaucoup plus de demandes.
    Pour y arriver toutes les collectivités doivent travailler ensemble, les communes, les communautés de communes, les départements et la région. Cela obligerait l’Etat à travers l’Education Nationale a respecté les engagements qu’il a pris et qu’ils n’a pas tenu et à revoir ses projections à la hausse en terme de professeurs formés et d’ouvertures de classes bilingues..
    L’Etat a préféré l’apprentissage extensif (trois heure d’allemand par semaine en primaire) et le bilangue au développement du bilinguisme. C’est un échec.
    En ce qui concerne l’apprentissage extensif, vu le manque de personnel formé, il provoque le contraire de l’effet recherché. La plupart des élèves dès qu’ils arrivent en 6e se précipitent sur l’anglais parce que l’apprentissage de l’allemand a été trop rébarbatif.
    Au collège, au lycée, les élèves se retrouvent à plus de 30 dans les cours de langue, ce qui rend impossible tout apprentissage…
    La majorité des élèves qui sortent de la filière trilingue appelée aujourd’hui bilangue (deux langues étrangères plutôt anglais et allemand plus français) ne maîtrise ni anglais, ni allemand.
    Le bilinguisme a fait ses preuves pourquoi ne pas l’encourager plus ?
    La Région peut faire plus pour le bilinguisme.
    L’olca (office de la langue et de la culture alsacienne), fait la promotion d’une seule partie du dialecte, l’alsacien et a complètement occulté l’allemand… L’OLCA doit prendre en compte toutes les parties du dialecte et intégrer l’allemand écrit et oral.. Pourquoi l’OLCA n’organiserait-elle pas des cours d’allemands comme elle le fait pour les cours d’alsaciens, ça intéresserait plus de monde et ça permettrait de préserver l’alsacien…
    La Région doit aussi intégrer dans son programme de formation professionnelle, l’apprentissage intensif de l’allemand ;
    aider les entreprises qui travaillent avec les pays germanophones à former leur personnel au niveau linguistique ;
    soutenir les entreprises du secteur touristique dans leur communication avec nos voisins ;
    éditer systématiquement nos plaquettes en Allemand et pas seulement en anglais.
    A l’heure de la décentralisation, les communes, les départements, la Région peuvent agir pour que le bilinguisme progresse en alsace en s’appuyant sur les leviers dont ils disposent.
    Les collectivités locales doivent s’unir pour peser sur l’Etat pour que les conventions soient respectées, inciter l’Etat pour qu’il aille plus loin dans ces conventions.

    Il faut aussi ouvrir le bilinguisme aux filières technologiques et professionnelles qui auront avec l’allemand plus de débouchées … en terme d’emploi

    Le bilinguisme ce sont des atouts économiques et touristiques mais il y a un autre atout très important c’est la préservation de l’identité régionale c’est à dire la préservation d’une histoire, d’une culture, d’un patrimoine…
    L’identité alsacienne ne doit pas se réduire à la cuisine, aux vins, aux colombages et à quelques manifestations folkloriques pas toujours très attrayantes pour les jeunes. Heureusement, il faut le reconnaître le théâtre dialectal marche bien mais est-ce qu’il touche le public jeune ?
    Il faut rendre l’identité alsacienne attrayante pour les jeunes si on veut qu’elle perdure…
    Dans le programme scolaire, devait figurer l’histoire de la région… Combien de jeunes savent ce que sont les « malgré nous » ? combien ont vu « Les Alsaciens et les Trois Mathilde », film tv abordable qui résume bien une partie de l’histoire alsacienne…
    Pourquoi il n’y aurait pas en Alsace, comme dans d’autres régions françaises du théâtre moderne, du rock ou du rap alsacien qui donneraient envie aux jeunes de continuer à parler cette langue ce qui aurait l’avantage de préserver l’identité, l’histoire alsacienne tout en s’ouvrant sur les autres cultures en plus de faciliter l’apprentissage de l’allemand.

    Pour conclure, nous sommes tous convaincus des enjeux qui se cachent derrière la défense des langues et de la culture régionale que ce soit au niveau sociétal, culturel, au niveau de notre histoire, de l’économie.
    Nous sommes tous d’accord pour constater que ces enjeux n’ont pas été pris en compte suffisamment et qu’aujourd’hui, les habitants de la région Alsace, en subissent les conséquences…
    L’Etat le premier doit prendre ses responsabilités et enfin ratifier la charte européenne des langues régionales et minoritaires signée par la France en mai 1999.
    Mais nous devons aller plus loin et voter enfin, une loi cadre sur les langues et cultures régionales (les langues historiques vivantes, utilisées en métropole et en Outre-Mer) mais aussi les langues minoritaires.

    Nous devons encourager toutes les structures qui veulent mettre en place l’apprentissage des langues minoritaires, langue d’origine de nombreux alsaciens comme par exemple l’arabe, pour que cet apprentissage ne se fasse pas dans les mosquées. Les associations laïques qui veulent organiser ces cours ne manquent pas mais elles abandonnent faute de soutien des collectivités.

    Le bilinguisme est une ouverture au multilinguisme, c’est André Weckmann un de nos grand auteur alsacien qui l’a rappelé.
    il s’agit d’être en phase avec ceux qui viennent d’ailleurs. Car est alsacien celui qui a choisi de vivre ici et de l’être quel que soit son nom et d’où qu’il vienne.
    Djamila SONZOGNI
    Conseillère Régionale
    Les Verts – 2007

  • Le mot d’Evelyne Troxler

    L’inauguration de la 1ère plaque bilingue de Mulhouse Rue du Sauvage/Wildemanngass en 1991 par Jean-Marie Bockel et Catherine Trautmann (lire l’article des DNA) a été pour la conseillère municipale déléguée à la langue et à la culture régionale que j’étais, une grande joie ….

    Suivie d’une immense déception : dès le lendemain les journaux étaient remplis de lettres de protestation contre cette «germanisation» des rues de Mulhouse … ! Réaction incompréhensible pour moi …
    La courageuse ténacité de Jean-Marie Bockel qui m’a toujours soutenu dans ce dossier et qui n’a pas cédé mérite un grand coup de chapeau ! Le 1er adjoint Eugène Riedweg apporte également son soutien au programme et son aide pour le casse-tête que représente le choix de l’orthographe du dialecte mulhousien à adopter !

    Je remercie toutes les personnes qui depuis 1991 m’encouragent et participent activement à cette initiative.

    Je souhaite que les plaques bilingues français/alsacien de Mulhouse continuent à fleurir sur les murs de notre ville, pour raconter encore et encore son histoire et toutes ces petites histoires qui font la saveur et la profondeur de nos lieux de vie.

    Evelyne Troxler
    Chargée de mission « langue et culture régionale » à la Mairie de Mulhouse
    Gauche Moderne – 2007
  • Le mot de Jo Spiegel

    Si le bilinguisme est l’un des richesses de notre Haute-Alsace et de notre agglomération, la question jamais tranchée de la manière dont il faut le favoriser est déjà en elle-même tout un programme.

    Les plaques de rue bilingues sont une manière simple et originale d’aborder notre histoire locale, d’en révéler les brillances comme les ombres, les flamboyances comme les hésitations, et de sceller au bout du compte les bases d’un passé commun. J’ai la conviction que c’est dans ce passé commun, connu et consenti, que les habitants de l’agglomération mulhousienne puisent leur sens ineffable de l’hospitalité. C’est là qu’ils aguerrissent en permanence leur ouverture à l’autre. C’est là qu’au quotidien, ils forgent, au fond, un dessein collectif. Parés pour rencontrer l’autre, parés pour un multilinguisme indispensable que notre bilinguisme facilite, Mulhouse et son agglomération sont donc parés pour l’avenir dont « le passé est un prologue » comme l’écrivait William Shakespeare. Il est des initiatives privées originales qui concourent au mouvement collectif pour promouvoir les forces et les atouts d’une agglomération : celle de François Guemguem et Patrick Hell, avec ce site documenté et ludique, en constitue indiscutablement une. Je leur souhaite pleine et entière réussite.

    Jo Spiegel
    Conseiller Général du Haut-Rhin
    Président de la Communauté d’Agglomération Mulhouse Sud Alsace (CAMSA)
    Maire de Kingersheim – 2007
  • Le mot de Jean-Pierre Gallo

    Dans une région fortement exportatrice telle que le Sud Alsace, les compétences linguistiques constituent un atout pour exporter et renforcer la présence de nos entreprises et de leurs productions à l’étranger. Cela s’applique tout particulièrement à la forte osmose des économies alsaciennes avec celles des régions germanophones voisines et plaide en faveur du développement d’un réel bilinguisme franco-allemand en Alsace.

    Ce bilinguisme franco-allemand constitue également le socle idéal pour l’acquisition d’autres langues, notamment de l’anglais, langue germanique intégrant un large vocabulaire d’origine romane, également indispensable dans le cadre d’une économie en phase de mondialisation.

    Die Vertreter der Wirtschaft des Süd-Elsass sprechen sich für die Bewahrung und Entwicklung der deutsch-französischen Zweisprachigkeit im Elsass aus und begrüßen alle Maßnahmen und Initiativen, die diese Zielsetzung unterstützen. Dazu gehört auch, unsere Mitbürgerinnen und Mitbürgern für die Wichtigkeit der Zweisprachigkeit empfänglich zu machen. Bilingualität muss eine Anlegenheit der breiten Öffentlichkeit werden. Hierzu zählt auch die Einführung der zweisprachigen Straßenschilder, wie zum Bespiel in Mulhouse, die wir nachdrücklich befürworten. Die Einrichtung dieser Webseite begrüßen wir deshalb sehr und wünschen ihr eine nachhaltige Wirkung und viele Besucher.

    Jean-Pierre Gallo
    Président de la CCI Sud Alsace Mulhouse – 2007
  • Le mot de Robert Arnaud

    Je suis attaché à la préservation du Hochdeutsch, comme à celle du bon « françois ». Je n’aime pas que l’on estropie une grande langue du patrimoine occidental en traduisant du parler variable en écrit incertain. Je partage donc l’opinion de ceux qui considèrent que seul le Hochdeutsch peut traduire à l’écrit le dialecte alsacien.
    Quel est alors l’intérêt des noms de rue en alsacien ?

    J’y vois pour l’essentiel 2 intérêts :
    – D’abord, ils nous rattachent à notre passé de façon simple et indiscutable. On peut discutailler et interpréter de différentes façons le rôle de tel personnage dans l’Histoire de notre ville. Mais le Quai du fossé est un rappel tangible à un fait du passé : la présence d’un « Graben  » à cet endroit-là.
    – Ensuite, les noms de rue en alsacien nous touchent parce ce qu’ils chantent à notre oreille comme une berceuse à celle d’un enfant. Autrement dit, ils sont porteurs d’émotion, essentiellement pour les dialectophones, voire les germanophones.

    Mais soyons modestes ! Il y a dans ces plaques bilingues un petit côté nombriliste. Il suffit pour s’en convaincre de tester nos réactions devant certains noms locaux, ailleurs que chez nous. J’avoue par exemple être fortement irrité par les plaques portant des noms en breton ou en corse… Que pensent les Bretons en voyant notre dialecte?

    Continuez néanmoins votre oeuvre : vous défendez l’ Histoire de notre ville et de notre pays et pour cela, je dirai en paraphrasant l’Assemblée Nationale que « vous méritez bien de la Patrie « .

    Robert Arnaud
    Président du Consortium pour le Développement des Voies Navigables de l’Est et du Sud-Est -2007
    (siège à Mulhouse)