mot

  • Le mot de Jean Rottner

    En tant que maire de Mulhouse, je souhaite poursuivre la dynamique initiée par Evelyne Troxler depuis 1991 en faveur du bilinguisme et des plaques bilingues.

    Aujourd’hui, 106 rues de Mulhouse affichent à Mulhouse des plaques bilingues, ceci sur les quelque 400 existantes, et huit panneaux d’entrée d’agglomération arborent à la fois le nom français (Mulhouse) et le nom en dialecte mulhousien de la ville (Mìlhüsa).

    Il s’agit d’une première en Alsace et Mulhouse ne compte pas en rester là en continuant à promouvoir, sous l’impulsion du Premier Adjoint, Denis Rambaud, le développement de ces plaques bilingues dans les quartiers périphériques du centre ville de Mulhouse, maintenant complètement traité, en lien avec les conseils de quartier.

    Je compte également poursuivre, en lien étroit avec l’Education nationale, la promotion de l’enseignement bilingue qui existe depuis 1995 dans les écoles primaires mulhousiennes.

    Il est en effet important, qu’à l’heure de la mondialisation et à un moment où notre ville va continuer à connaître des transformations structurantes indispensables, les mulhousiens conservent, grâce au bilinguisme, des racines et des repères qui leur sont essentiels.

    Jean Rottner
    Maire de Mulhouse – 2010
  • Le mot de Denis Rambaud

    La signalétique bilingue répond notamment au souci de revaloriser la langue régionale par le biais d’une meilleure visibilité de l’allemand et du dialecte alsacien dans l’espace public. A Mulhouse, nous engageons une réflexion en ce sens, en amont de toute nouvelle mise en place de signalétique, quant à l’opportunité ou non de la rendre bilingue. Mulhouse compte à ce jour 106 rues et places bilingues (français/alsacien) et le rythme de mise en place reste soutenu, avec le principe, chaque année, de rendre « bilingue » 20 nouvelles rues de notre ville. Nous avons également mis en place des panneaux d’entrée d’agglomération (Mulhouse/Milhüsa) en juin 2010. La signalétique des parkings, réalisée en automne 2010, est également bilingue (français/allemand). Nous examinons actuellement la faisabilité et l’opportunité du bilinguisme, français/allemand, pour la signalétique piétonne, histoire de rendre notre ville plus accessible et conviviale pour nos voisins germanophones.

    La Municipalité de Mulhouse s’inscrit de ce fait pleinement dans une politique volontaire de promotion de la langue et de la culture régionale. Celle-ci se décline de multiples façons, la signalétique bilingue n’étant qu’une des facettes de cet ambitieux programme qui, nous en sommes convaincus, rejoint l’intérêt général de notre ville et répond à notre souci de favoriser l’épanouissement personnel et professionnel de nos concitoyens dans notre espace transfrontalier.

    Denis Rambaud
    Premier-Adjoint de la ville de Muhlouse – 2010
  • Le mot d’Alain Brillard

    Même quand on n’est ni alsacien d’origine ni dialectophone, la lecture des plaques de rue bilingues est un « jeu » qui renvoie à l’histoire riche et passionnante de notre Haute-Alsace. L’Université de Haute-Alsace vit quotidiennement ce bilinguisme, ne serait-ce qu’à travers le bâtiment de la Fonderie communément appelé die Giesserei. Il est naturellement important de se souvenir de l’histoire industrielle mulhousienne qui a notamment marqué la structure du bâtiment maintenant dédié en très grande partie à la formation et à la recherche universitaires. Pour être en harmonie avec son territoire, l’Université de Haute-Alsace participe activement au développement de l’apprentissage des langues, y compris l’alsacien, ou en soutenant des thématiques originales de recherche sur l’histoire, notamment industrielle, de notre région. Au cours des années à venir, l’UHA renforcera la pratique du bilinguisme, de manière à apporter les compétences indispensables aux diplômés pour puissent réussir plus facilement leur insertion professionnelle. Mais, nous continuerons aussi à interroger le passé pour en découvrir les spécificités qui ont façonné le « modèle mulhousien » dont nous sommes si fiers. Bravo et merci aux initiateurs de ce site. Je souhaite vivement qu’il permette à tous les mulhousiens de se projeter vers un avenir qui les rassemble grâce à la préservation de cette mémoire commune.

    Alain Brillard
    Président de l’Université de Haute-Alsace (UHA) – 2009
  • Le mot d’André Nisslé

    S’Frànsesch-Elsassischa Schtroosadafala esch a-n-àhsahnliga Unternammung, äntworfa vu Litt wu noch drà glàuiwa dàss unsra Schproch noch fer a pààr Johrzenta känntigt ewerlaawa.As senn emmer meh Schtädt un Därfla wu sech àschliassa àn dara Sàch.
    Wurum müas dänn emmer so-n-a Kràwal gmàcht wara, um äbbis wu nur kàt güat seh fer’s’Elsassischa un fer’s Elsàss. S’esch nur ains schààd dàss üsser da Elsasserteàther un da Bangala niemends nix màcht zum da züaschtand z’verbässra. Wänn ma ergend en äbrem sait, schpeziäl en ma Elsasser, dàss d’Lààg kritisch esch hecht ma nur emmer ‚“s’ech hàlt schààd“ un nix ànderchts. Käntigt man net a bezzi en da Regiona vum Lànd geh lüaga wia seh’s màcha dàss erna Schproch kàt witterscht laawa ?
    Wàss d’Schribàrt àbelàngt vu dana Tafala, dia werft o Schtàuib uff, vurum ? Will a jeder maint ar schribt àm rechtigschta, un dia wu nit maina schriwa wia sa känna.. sÀltsüdliganederàlamànischa fend ech, esch gànz güat àgebrocht.
    Màcha m’r noch à klainer umwag, dänn dàss gebt oi unsra Schproch à un em herschta Gràd. Reeda m’r a bettzi vu d’r „Zweischprachikeit“…vurum müas ma emmer Mehlhüserditsch odder Elsasserditsch sààga kännt ma net amol wacksla fer Mehlhüseràlamànisch odder Elsasseràlamànisch ? D’Schwytzer sààga dänn o „la suisse alémanique“. Met dam känntigt ma en dana samtliga „Zweischprachikeit’s vertaidiger o bibrenga dàss s’Ditscha net unsra Regionàlschproch esch àwer dia vu unsra liawa nochber.Bis hett wohna mer emmer noch en ma „Département“ un net em a „Land“.
    Schlussandlig mächtigt i noch a làng laawa wenscha en dana Mehlhüserschtroosatafala-n-umschriwer !

    Dictionnaire disponible sur le site de l’association

  • Le mot de David Cascaro

    Quand je suis rue de Brunstatt, je suis presque à Brunstatt
    Quand j’avance rue de Huningue je me rapproche de Huningue
    Quand je suis rue de Lure je suis dans la bonne direction
    Quand je marche rue du ravin, je regarde où je mets les pieds
    Quand je me promène rue des vergers j’ai le goût des poires en bouche
    Quand je me dirige rue de Lyon à Mulhouse je pense à mon cousin lyonnais
    Quand j’emprunte la rue du Havre, j’entends déjà les mouettes
    Quand je traverse la place de la Concorde, je cherche partout l’obélisque
    Quand j’atteins la rue de Cherbourg, ça sent le cargo en cale sèche

    Quand je parcours la rue des Amidonniers, j’entends le bruit des usines
    Quand je m’arrête place de la Réunion, j’imagine la grande fête de 1798
    Quand je passe rue des Charrons, je suis coincé dans un embouteillage de charrettes
    Quand je traverse le passage Teutonique, j’enfile mon heaume
    Quand je me rends rue du 15 août, je vérifie la date du jour
    Quand j’arrive devant le pont de la SACM, les wagons ne peuvent plus passer
    Quand je rejoins la rue des Machines, le vacarme est trop fort
    Quand je coupe la rue des Halle, ça sent les fruits et légumes
    Quand je reviens rue des Bonnes Gens, je me mets un mouchoir sur le nez

    Quand je suis Müàssbrunnergàsslà, je reprends ma respiration
    Quand j’avance sur Mehlàgass, j’agite mes bras dans tous les sens
    Quand je me trouve Pfaffàgàsslà, je prends un air de contrition
    Quand je marche Lothringergass, je tape des pieds avec mes sabots
    Quand je me promène sur Spiegeltor, je cherche ma silhouette dans les vitrines
    Quand je me dirige vers Strauigass, je ne fais pas de foin
    Quand j’emprunte Schindergassla, je rentre la tête dans les épaules
    Quand je traverse la Kromgass, je dépense plus qu’il ne faut
    Quand j’atteins la Hiehnerwinckel, je me retrouve dans une basse cour

    David Cascaro
    Directeur de l’école Supérieure d’Art de Mulhouse, Le Quai – 2009

  • Le mot de Frédéric Marquet

    Allez, allez Mulhouse allez,
    Jetzt geht’s los, denn unter uns, ìhr sìn jetz d Beschta
    (Maintenant c’est parti, car entre nous, vous êtes maintenant les meilleurs)
    Allez, allez Mulhouse allez,
    Jetzt geht’s los, denn mìt ìhr, ìsch ìmmer Lawa
    (Maintenant c’est parti, car avec vous, c’est toujours animé)… »

    Supporter de Mulhouse dès mon plus jeune âge, l’alsacien résonne pour moi comme un chant identitaire, conquérant… et si chaud à la fois.

    « Biewala » (petit garçon), « Maidela » (petite fille), « Schotzala » (petit chéri)
    Susurré par ma grand-mère ou mon grand-père, l’alsacien vibre encore en moi comme une marque d’amour toute particulière, rustique… et si chaude à la fois.

    Attaché à l’alsacien, je le suis au plus profond de moi-même, et pour toujours. Mais attaché à l’avenir de Mulhouse et de l’Alsace, je le suis encore plus. N’est-il pas venu le temps de dépasser certaines réminiscences quasi malsaines ? N’est-il pas venu le temps, à côté de l’alsacien, d’admettre l’allemand comme une composante évidente de notre culture régionale ?

    Le rayonnement de l’Alsace, dont la position géographique est l’atout premier, passe assurément par le bilinguisme français-allemand, puis le trilinguisme français-allemand-anglais voire le multilinguisme en valorisant la diversité des langues des communautés immigrées présentes dans notre région.

    De par sa situation aux portes de l’Allemagne et de la Suisse, son réseau autoroutier, l’EuroAirport, ses 2 TGV, ses ports, Mulhouse peut devenir la ville la plus internationale de France. Par le passé, les Mulhousiens ont fait preuve d’audace et de courage pour réussir. En sommes-nous encore capables ? Si oui, cela peut commencer par des initiatives diverses : de la traduction systématique des cartes dans les restaurants jusqu’à la mise en place d’une signalétique routière bilingue français-allemand généralisée, en passant par un enseignement bilingue de qualité…

    Signalétique bilingue ? C’est possible et lisible !…

    bilingue

    Alors ? On rayonne ou on se recroqueville ?

    Frédéric Marquet
    Président de « MULHOUSE j’y crois » – 2009
    www.mulhousejycrois.com
  • Le mot de Guillaume Colombo

    Pour moi qui me considère désormais comme un alsacien d’adoption, l’Alsace m’est apparue comme une région à forte identité, où les traditions sont très présentes, proche de l’Allemagne, empreinte d’humanité rhénane. C’est d’ailleurs ce que recherchent les touristes qui viennent en Alsace. Tout ce qui va dans le sens de l’affirmation de cette identité propre est une bonne chose du point de vue touristique, sous réserve que cela reste authentique et mesuré. C’est le cas par exemple des plaques bilingues de Mulhouse, qui sont une véritable attraction touristique et que nos visiteurs photographient avec avidité. D’un point de vue touristique, elles participent à donner un aspect « différenciant » à l’environnement urbain de Mulhouse et suscite curiosité et intérêt. Etant moi-même germanophone, j’ai très vite compris le sens des plaques en alsacien, qui ont permis ma première familiarisation avec le dialecte. Les premiers mots d’alsacien que j’ai pu apprendre, c’est aux plaques de rues bilingues que je les dois. Les plaques de rues bilingues sont l’un des plus beaux symboles du bilinguisme, elles sont une constituante de l’identité alsacienne et cela me semblerait tout à fait normal que toutes les rues de Mulhouse soient finalement bilingues.

    Guillaume Colombo
    Directeur de l’Office du Tourisme et des Congrès de Mulhouse et sa région – 2009
  • Le mot de Gérard Freulet

    Aussi éloignées de la nostalgie passéiste de temps révolus que de la table rase chère aux ennemis de toute identité, les plaques bilingues témoignent d’une volonté de préserver les racines de notre bonne ville pour lui permettre de se tourner avec assurance vers son avenir.
    Ville à bien des égards atypique, Mulhouse n’en reste pas moins profondément alsacienne, même si ses élites ont pratiqué plus tôt qu’ailleurs dans notre province la langue nationale. Ville industrielle, Mulhouse s’est nourrie d’une immigration sans cesse renouvelée, mais à l’origine surtout sundgauvienne.
    Les plaques bilingues rappellent d’une certaine manière ces temps glorieux du « Manchester français », où cohabitaient la fabricantocratie francophone et le prolétariat dialectophone.
    Certes l’alsacien a beaucoup régressé à Mulhouse et ce, avant même qu’une immigration trop souvent subie, pour ne pas dire encouragée, aux origines variées ait ajouté ses strates aux plus anciens sédiments régionaux. L’abandon du dialecte s’est trouvé aussi peu d’adversaires à une certaine époque que le sacrifice du patrimoine architectural de la ville n’a rencontré d’obstacles.

    Ces temps sont heureusement révolus. Une politique patrimoniale active existe. L’heureuse systématisation de plaques bilingues complète harmonieusement ce retour aux sources dont ne peuvent se passer ni les individus ni les sociétés pour aller de l’avant. Un proverbe canadien résume bien la situation « on ne déracine jamais un érable »!

    Il est regrettable à cet égard que de récentes et prestigieuses réalisations, à l’instar de la Fonderie n’aient pas été concernées par cette réappropriation des racines, puisque la référence à la « Giesserie » y est quasi-inexistante. De même qu’ on pourra trouver souhaitable que des lieux emblématiques et centraux de notre ville, la Porte Jeune par exemple, reçoivent de manière visible une double dénomination bilingue.
    Plus encore il faut déplorer l’insuffisante prise en compte à divers niveaux de l’importance décisive pour Mulhouse du bilinguisme à l’école. Enfin autre témoin caractéristique, l’épisode récent des professions de foi bilingues, repêchées in-extremis, alors que le Ministère avait décidé, sans concertation, de les supprimer !
    Puissent ces plaques rappeler à nos élites d’aujourd’hui, souvent aussi obnubilées par l’anglais que leurs devancières le furent par le français, que Mulhouse est d’abord en Alsace, dans un bassin industriel qui compte l’une des métropoles suisses les plus dynamiques et qui est de langue allemande. S’en couper par un oubli de l’alsacien serait se couper de notre avenir comme de notre passé.

    Gérard FREULET
    Mouvement Pour la France (MPF) – 2008

    A

  • Le mot de Pierre Freyburger

    Au commencement il y a Mülhausen, village construit autour des moulins. Au fur et à mesure de son industrialisation Mulhouse, ville ouvrière, va grandir grâce à l’apport de grandes vagues d’immigration.
    Ce sont d’abord les pauvres venus du Sundgau, de Suisse, d’Allemagne, de Montbéliard qui viennent travailler dans l’industrie des toiles peintes: Entre 1754 et 1789 la population mulhousienne augmente de 90% ! Au siècle suivant elle est multipliée par 10.
    Avec l’exploitation de la potasse en 1920 on manque encore de bras et on recrute en Italie, en Pologne. Puis l’industrie automobile va chercher de la main d’œuvre au Portugal, au Maghreb.
    Ces ouvriers, venus de partout, ont pour beaucoup un point commun : ils ont bien souvent appris l’alsacien sur leur lieu de travail avant même d’apprendre le français. Cet alsacien de Mulhouse qui s’est construit au fil des siècles en s’enrichissant des multiples apports des dialectes germaniques, franciques et autres.
    C’est pourquoi cette histoire, l’histoire de Mulhouse, fait partie intégrante de notre histoire à tous, mulhousiens d’aujourd’hui. Cette sympathique initiative des plaques bilingues nous permet de redécouvrir le passé de notre ville et donc de mieux comprendre son présent.

    Pierre Freyburger
    Conseiller Général du Haut-Rhin – 2008
    Parti Socialiste (PS)
  • Le mot de Patricia Schillinger

    Je m’implique dans la reconnaissance officielle des langues régionales comme l’un des éléments essentiels du patrimoine national. Même si des initiatives sont menées, nos langues régionales restent encore menacées dans leur transmission et leur développement. Il faut inciter les pouvoirs publics à prendre des mesures efficaces pour assurer la défense et le développement des langues régionales ou minoritaires. Nous devons mener une politique plus volontariste pour convaincre le plus grand nombre du rôle majeur du bilinguisme dans l’économie, particulièrement dans les zones frontalières. Dans mon département, en plus de l’atout touristique incontestable, 40.000 haut-rhinois occupent un emploi en Suisse ou en Allemagne. La langue régionale doit être véhiculée efficacement, afin de sensibiliser également les citoyens à l’aspect historique. Cela se manifeste, entre autres, par le développement généralisé d’une signalétique bilingue proposant une dimension biculturelle. Dans ma commune de Hégenheim, on y arrive progressivement, en proposant des plaques bilingues sur certains sites de la commune. La population semble adhérer à cette initiative qui éveille une curiosité culturelle indéniable.

    Patricia Schillinger
    Sénateur du Haut-Rhin – 2008
    Maire de Hégenheim (PS)