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Le mot de Gérard Freulet

Aussi éloignées de la nostalgie passéiste de temps révolus que de la table rase chère aux ennemis de toute identité, les plaques bilingues témoignent d’une volonté de préserver les racines de notre bonne ville pour lui permettre de se tourner avec assurance vers son avenir.
Ville à bien des égards atypique, Mulhouse n’en reste pas moins profondément alsacienne, même si ses élites ont pratiqué plus tôt qu’ailleurs dans notre province la langue nationale. Ville industrielle, Mulhouse s’est nourrie d’une immigration sans cesse renouvelée, mais à l’origine surtout sundgauvienne.
Les plaques bilingues rappellent d’une certaine manière ces temps glorieux du « Manchester français », où cohabitaient la fabricantocratie francophone et le prolétariat dialectophone.
Certes l’alsacien a beaucoup régressé à Mulhouse et ce, avant même qu’une immigration trop souvent subie, pour ne pas dire encouragée, aux origines variées ait ajouté ses strates aux plus anciens sédiments régionaux. L’abandon du dialecte s’est trouvé aussi peu d’adversaires à une certaine époque que le sacrifice du patrimoine architectural de la ville n’a rencontré d’obstacles.

Ces temps sont heureusement révolus. Une politique patrimoniale active existe. L’heureuse systématisation de plaques bilingues complète harmonieusement ce retour aux sources dont ne peuvent se passer ni les individus ni les sociétés pour aller de l’avant. Un proverbe canadien résume bien la situation « on ne déracine jamais un érable »!

Il est regrettable à cet égard que de récentes et prestigieuses réalisations, à l’instar de la Fonderie n’aient pas été concernées par cette réappropriation des racines, puisque la référence à la « Giesserie » y est quasi-inexistante. De même qu’ on pourra trouver souhaitable que des lieux emblématiques et centraux de notre ville, la Porte Jeune par exemple, reçoivent de manière visible une double dénomination bilingue.
Plus encore il faut déplorer l’insuffisante prise en compte à divers niveaux de l’importance décisive pour Mulhouse du bilinguisme à l’école. Enfin autre témoin caractéristique, l’épisode récent des professions de foi bilingues, repêchées in-extremis, alors que le Ministère avait décidé, sans concertation, de les supprimer !
Puissent ces plaques rappeler à nos élites d’aujourd’hui, souvent aussi obnubilées par l’anglais que leurs devancières le furent par le français, que Mulhouse est d’abord en Alsace, dans un bassin industriel qui compte l’une des métropoles suisses les plus dynamiques et qui est de langue allemande. S’en couper par un oubli de l’alsacien serait se couper de notre avenir comme de notre passé.

Gérard FREULET
Mouvement Pour la France (MPF) – 2008

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