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L’alsacien gagne du terrain
Patrimoine / Plaques de rues bilinguesEn ce début d’été, cinq nouvelles rues mulhousiennes ont désormais leur nom inscrit à la fois dans la langue de Molière et celle de Hansi. Ces plaques bilingues visent surtout à entretenir la mémoire des racines de la cité du Bollwerk.
Elles donnent un charme local teinté d’un certain exotisme pour les touristes et d’une affection nostalgique pour les Mulhousiens. Les petites plaques alsaciennes apposées au-dessous de leurs consoeurs francophones comptent cinq nouvelles recrues : la « Kaiwagassla », la « Burggàss » la « Gymnasiumstrosss », la « Looschawinkel » et la « Johannesgàss ». Soit les appellations alsaciennes respectives de la rue de la Bibliothèque, du Bourg, du Collège, de la Loge et de la rue Saint-Jean.
Soixante-dix rues sont déjà marquées par la double dénomination
Celles-ci s’ajoutent donc à plus de soixante-dix rues déjà marquées par la double dénomination. La première ayant été la rue du Sauvage (« Wildemannsgass ») dont la plaque alsacienne a été inaugurée en 1991. L’événement avait alors donné lieu à plusieurs lettres de protestation dénonçant la « germanisation » de la cité du Bollwerk. L’arrivée de ces cinq nouvelles plaques n’a, elle, engendré aucune polémique jusqu’à maintenant.
Le but de la cellule « Langue et culture régionale » de la Ville de Mulhouse est, lui, bien de rassembler et non de diviser selon les dires de Patrick Hell :« Cette opération reflète une volonté politique de permettre aux habitants de développer une fierté à l’égard de la langue alsacienne en la sortant du ghetto de la sphère privée. » On remarque également que ces rues se situent autour de la porte du Miroir et non dans le centre historique. En effet, la cellule considère qu’il est essentiel de ne pas circonscrire les plaques bilingues à la « vieille ville » afin d’éviter la « muséification » de l’alsacien de sorte à ne pas l’enraciner uniquement dans le passé. De plus, il apparaît clair que donner un nom alsacien retranscrit parfaitement le patrimoine culturel lié aux lieux et permet de mieux comprendre leur origine en respectant l’Histoire. On peut citer à titre d’exemple le « Baradrack Garta » dont le nom français (« Le Parc de la Cotonnière ») n’est nullement une traduction. En effet : « Garta » signifie le jardin tandis que « Baradrack » se traduirait littéralement par « crotte d’ours » et renvoie en fait à la réglisse. Pour décrypter le message, il faut se replonger dans le temps où M. Koechlin dirigeait la Cotonnière et distribuait à ses ouvriers des boissons parfumées à la réglisse pour stimuler leur activité. Les habitants du quartier surnommèrent alors la Cotonnière du nom gravé aujourd’hui sur la plaque du parc. On comprend ainsi que le dialecte restitue davantage l’authenticité du passé mulhousien.
L’augmentation du nombre de rues portant le double nom va donc dans le sens d’un enrichissement culturel, ce qui en pleine saison estivale et touristique ne peut être que bienvenu.La rue du Bourg fête sa traduction alsacienne sous le soleil. (Photo DNA) DNA Mulhouse Julien Marion
Extension des plaques de rues bilingues
Précurseur en la matière parmi les grandes villes alsaciennes, Mulhouse compte bien poursuivre l’installation de plaques de rue bilingues français/alsacien. Cette année, 20 nouvelles rues ou portes du centre-ville seront équipées — cela ira de la rue de la Tour du Diable (Teifelsturmgàss) à la place Guillaume-Tell (Wilhem Tell Platz), en passant par la porte Haute (Owertor), la porte jeune (Jungator) ou encore — moins évident — la rue de Stalingrad (Starnstross). Coût estimé de l’opération : 8500 .
Patrick Binder (FN) sollicite la parole, d’abord pour saluer l’initiative… Puis pour critiquer « une certaine muséification de l’alsacien ». Réplique moqueuse de l’adjoint Bernard Stoessel (Modem) : « M. Binder est décidément un adepte des tirs dans le pied. Plutôt que de parler de « muséification », vous feriez mieux de mettre en avant le remarquable site web « plaques bilingues » [ndlr : www.plaquesbilingues.fr]. »
Dossier adopté à l’unanimité.L’Alsace Mulhouse
Conseil municipal Budget 2009 et DMC
Lors de sa prochaine séance publique, ce lundi 16 février à 17 h 30 à l’Hôtel de ville, le conseil municipal de Mulhouse examinera son budget prévisionnel 2009. Lors du débat d’orientation budgétaire, il avait été annoncé une hausse de 2 % des taux de la taxe d’habitation et de la taxe professionnelle (L’Alsace du 27 janvier) et un effort en matière de dépenses d’équipement, pour accompagner le plan de relance gouvernemental.
Au nombre des 27 autres points à l’ordre du jour, l’aménagement futur du site DMC — c’est-à-dire de la partie du site achetée par la Serm à l’entreprise. Le conseil aura à se prononcer sur le lancement de la concertation préalable et sur la mise à l’étude d’une opération d’aménagement.
On retiendra également la passation d’avenants pour la rénovation du parking Porte Jeune B, la signature de la convention pour le label Ville d’art et d’histoire, ou encore un programme d’extension des plaques de rues bilingues au centre-ville.L’Alsace Mulhouse
Elargissement du périmètre des plaques bilingues à Mulhouse
Mulhouse fut la première grande ville d’Alsace à engager, dès 1991, la mise en place de plaques bilingues français/alsacien. Ville pionnière en la matière, l’initiative en revient à Evelyne Schmitt-Troxler, alors conseillère municipale déléguée à la langue et à la culture régionale. Petit à petit, par vagues successives, les plaques bilingues ont investi
les rues de Mulhouse, et on compte aujourd’hui 69( !) (sur environ 400)
rues ou places de Mulhouse, affichant une plaque bilingue. On aurait pu en rester là, ce qui, comme le soulignait au passage Evelyne Schmitt-Troxler donnerait un bon moyen mnémotechnique pour se souvenir du nombre de rues bilingues mulhousiennes (mai à quoi pensait -elle donc ? Dieu seul, ou plutôt Cupidon le sait…si vous avez une idée, merci d’en faire part au journal), mais la ville de Mulhouse a décidé de passer une vitesse supérieure.Début 2009, fut ainsi apposée la première plaque bilingue du programme 2009, au niveau du pont de la fonderie/Giessereibrucka. Lieu emblématique s’il en est, le réflexe d’appliquer une dénomination bilingue à un nouvel équipement, est à relever.
Le projet d’extension du périmètre des plaques bilingues est présenté par l’adjoint « de référence » Denis Rambaud lors de la séance du Conseil municipal du 16 février. Il porte sur 20 rues supplémentaires, ce qui permettrait, comme le souligne Denis Raumbaud, de boucler le traitement bilingue du Vieux -Mulhouse, l’objectif étant à la fois de valoriser un patrimoine linguistique et de promouvoir l’usage du dialecte. « On en restera pas là », annonce Denis Rambaud. Les prochaines années devraient ainsi voir petit à petit les plaques bilingues s’égréner dans l’ensemble des quartiers de Mulhouse, « partout où cela sera pertinent », précise Denis Rambaud. Il est vrai qu’entre-temps la pose des plaques bilingues bénéficie d’un large consensus des Mulhousiens et d’un vif intérêt des touristes. L’adjoint Thierry Nicolas, qui n’était pas de glace ce jour là, souligne qu’il remarque souvent les touristes photographier la plaque bilingue qui se situe au coin de la rue face à son « Eiscaffé » , rue Henriette/Schulgass ». « Mais que photographient-ils donc », sétait-il longtemps demandé, avant de découvrir qu’il s’agissait de la plaque bilingue du « passage teutonique/Ditschehofgassla »… Comme quoi …
Bien que la délibération fut adoptée a l’unanimité, elle offrit l’opportunité d’un débat assez vif entre la municipalité et l’opposition FN, le groupe PS étant resté coi… Patrick Binder (FN) , tout en saluant l’initiative, dénonce ce qu’il appelle une logique de « muséification » de l’alsacien. Pour lui, le « traitement homéopathique » de la question, tel qu’il se pratique aujourd’hui à ses yeux, est nettement insuffisant, alors que l’état critique de la langue et de la culture régionale nécessiterait un « traitement de cheval ». Et Binder d’énumérer une série de propositions en ce sens, destinées à rendre la langue régionale plus présente dans l’environnement des mulhousiens : afficher des devises en alsacien sur les bâtiments publics, publier des textes en langue régionale dans les publications municipales, systématiser la présentation bilingues des menus dans les restaurants, placer quelques propos en alsacien dans les discours, etc… Au passage, Patrick Binder dénonce l’absence de la gauche sur ce dossier et la pusillanimité des autres partis, notamment au conseil régional.
Dans sa réponse, le maire Jean-Marie Bockel relève deux approches de la question : l’une fermée, hostile à l’altérité, et l’autre ouverte, résolument privilégiée par la municipalité. »Dans une ville comme Mulhouse, de grande diversité, où la pratique de l’Alsacien est factuellement minoritaire, nous avons multiplié les initiatives visant la promotion du bilinguisme et la défense de l’alsacien. Notre objectif est de sensibiliser tous les Mulhousiens, quelle que soit leur origine, à cette richesse et de la rendre accessible au plus grand nombre. Nous sommes conscients des atouts que cela représente, pour nos concitoyens, en termes d’ouverture, de possibilités d’échanges transfrontaliers, d’attractivité pour Mulhouse et de potentialités économiques, notamment pour l’emploi », précise le Maire qui se veut résoument « offensif » en la matière.
Bernard Stoessel, en sa qualité également de Vice-Président du Conseil régional, mais en cause par Patrick Binder, se déclare ardent défenseur du bilinguisme. « Pas au conseil régional en tout cas », l’interrompt Patrick Binder. « Halt d’Schurra » lui lance alors Henri Metzger, du groupe majoritaire (NDLR : enfin un peu d’alsacien dans ce débat…). Bernard Stoessel dénonce la propension de Patrick Binder a entretenir la sinistrose, et à cet égard à « se tirer une balle dans le pied ». Il rejette le procès de « muséification », de simple « folklorisation » de la langue régionale et s’inscrit dans une perspective d’avenir : pour lui il est important de sensibiliser les mulhousiens à l’atout que représente le bilinguisme, la langue et la culture régionale, et la mise en place étendue de plaques bilingues participe de cet objectif. Il invite ensuite Patrick Binder à plutôt relever ce qui se fait de positif en la matière, et illustre ce propos en l’invitant à visiter le site internet des plaques bilingues de Mulhouse, qu’il qualifie de « remarquable ». (NDLR : c’est bien vrai ça, tous à vos claviers .. : www.plaquesbilingues.fr/.)
Au détour de ce conseil municipal, face à une gauche restée étonnamment muette sur ce dossier pendant les débats, Darek Szuster, porte parole du groupe PS pour la culture, souligna qu’il convenait de ne pas laisser à l’extrême droite un quasi monopole de l’exploitation de ce sujet . La politique ayant horreur du vide, l’ensemble des partis alsaciens, et notamment ceux de gauche, seraient effectivement sans doute bien inspirés à mieux camper cette thématique ô combien essentielle pour l’avenir de notre région.
Tonic Jean Rachoutte
Dites le… La porte Jeune
Le nouveau centre commercial de la « Porte Jeune » commence à avoir fière allure.
Au passage, on peut remarquer sur le fronton, en fait, le « cube rouge » , totem du site, une belle enseigne indiquant à la foi le lieu et l’appellation commerciale du site : « Porte Jeune ». Une proposition à cet égard : le « Zeigeist », « l’air du temps » actuel prône de revaloriser et de promouvoir le bilinguisme en Alsace et la présence de ce bilinguisme dans la sphère publique, par le développement par exemple de la signalétique bilingue (plaques de rues français-alsacien), en est un levier majeur. Il serait à cet égard opportun de faire également figurer sur ce fronton du centre commercial l’appellation dialectale du site, à savoir « Jungator » . Au delà du joli symbole que cela représenterait, en terme d’acte de foi à l’égard du modernisme du bilinguisme à Mulhouse, cette double appellation « Porte Jeune/Jungator » constituerait en même temps un sympathique clin d’œil et un facteur d’attraction à l’égard des clientèles suisse et allemande voisines, dont ce nouveau centre commercial aura sans doute bien besoin pour assurer sa rentabilité…
L’Alsace Mulhouse
N’oubliez pas la Giesserei !
Un habitant de la rue des Monteurs, ancien de la SACM :
« la fonderie, pour nous ,c’était la Giesserei. C’est bien de sauver un bâtiment, mais il faudrait aussi sauver ce nom. La ville a déjà engagé une politique fort sympathique de plaques de rues bilingues qui, j’espère, va se poursuivre. On pourrai imaginer, dans le même esprit, qu’au fronton de la future faculté, on affiche « La fonderie- d’Giesserei », à l’instar de la maison de quartier qui porte déjà une telle inscription bilingue ?Devant la fonderie
L’Alsace Mulhouse
Plaques bilingues à Mulhouse, l’aventure continue.
Mulhouse : les habitants du quartier Cité-Briand se mobilisent pour la mise en place de plaques de rues bilingues dans leur quartier. Enjeux et polémiquesNous l’avions évoqué dans notre précédent numéro (« Vivre l’Alsace » n° 10 d’avril 2007), un programme de mise en place de plaques bilingues dans 12 rues de ce quartier périphérique du centre ville de Mulhouse, très populaire et somme toute… très cosmopolite, a été engagé le 17 mars dernier, par l’inauguration de 4 nouvelles plaques bilingues, dans le prolongement des 57 rues de Mulhouse (essentiellement dans la vielle ville) d’ores et déjà dotées d’une signalétique bilingue. Des festivités, sous le double patronage d’Evelyne Schmitt-Troxler, Maire-Adjointe à la langue et à la culture régionale et de Pierre Freyburger, Président du Conseil de quartier Cité-Briand, ont marqué l’événement. Des élus de la Ville, des représentants d’associations et de nombreux habitants du quartier, dont plusieurs conseillers de quartier, s’étaient mobilisés pour la circonstance, au cours d’une cérémonie festive qui compta une cinquantaine de participants. Des associations de promotion du bilinguisme (Eltern 68 et Culture et Bilinguisme) tinrent des stands à cette occasion, leur permettant de dialoguer avec les élus et la population.
Une démarche participative exemplaire et consensuelleLa mise en place de ces plaques bilingues procède d’un engagement exemplaire du Conseil de quartier qui fut à l’initiative de ce projet soutenu et porté ensuite par les élus concernés, et notamment les maires-adjoints Pierre Freyburger et Evelyne Schmitt-Troxler. En effet, c’est le conseil de quartier , composé d’habitants bénévoles, qui a initié et instruit lui-même le dossier, sélectionné les rues les mieux à même de porter une appellation bilingue, discuté les dénominations dialectales, et tout ceci dans un esprit ludique, empreint d’un véritable enthousiasme et dont les décisions firent l’objet d’un consensus. Ce consensus fut d’autant plus remarquable , qu’à l’instar de ce quartier très cosmopolite, le Conseil de quartier s’avère lui-même … très minoritairement composé « d’Alsaciens de souche ». Or les « nouveaux Alsaciens », pour utiliser une formule générique s’appliquant aux habitants non-natifs ou non originaires d’Alsace, ne furent pas les moins enthousiastes, affichant parfois un réel plaisir, notamment lors de la réunion portant sur le choix des dénominations dialectales, à découvrir et à s’évertuer à bien prononcer (certes avec une sympathique pointe d’accent) les noms en alsacien. « Va falloir que je m’y mette sérieusement » déclara par exemple notamment à cette occasion un conseiller municipal originaire d’outre-Vosges. Une preuve, s’il était nécessaire, que les plaques bilingues peuvent agir comme stimulant à l’apprentissage de l’alsacien ? Ben oui, nous y reviendrons.
De réticences en polémiquesOr, l’affaire n’allait pas de soi. Du coté de la municipalité socialiste, d’aucuns considéraient un tantinet incongru le principe même de diffuser des plaques bilingues hors du strict périmètre de la vielle ville. Or, circonscrire cette signalétique bilingue à la « Vielle ville » équivaut à cantonner le dialecte et par voie de conséquence le bilinguisme dans une connotation passéiste, historique, voire folklorique, dont il faut pourtant absolument s’émanciper si l’on souhaite lui conférer une réelle dimension d’avenir. Il est à cet égard fondamental que la signalétique bilingue investisse en Alsace d’autres quartiers que ceux qualifiés de « vielle ville ». En s’inscrivant dans des quartiers plus récents, le dialecte et le bilinguisme acquièrent de la sorte une touche de modernité, mais surtout de reconnaissance de leur présence somme toute naturelle en Alsace, de par leur qualité de composante intrinsèque de la double culture caractéristique de notre région. La signalétique bilingue constitue à ce titre l’un des principaux leviers de sauvegarde et de promotion d’une double culture, empreinte de bilinguisme, et toutes les régions ou pays qui ont une telle ambition (Bretagne, Pays de Galle, Sud-Tyrol etc.…) y ont très largement recours. Evelyne Schmitt-Troxler est parvenue à faire passer, avec la pugnacité qu’on lui connaît, ce message au sein de la municipalité socialiste. Il faut le souligner et le saluer.
Plus surprenant, une certaine polémique fut également alimentée par certains ténors de l’extrême droite mulhousienne, qui tout en se déclarant de farouches défenseurs de la langue et de la culture régionale, dénoncèrent l’incongruité, à les entendre, de mettre en place des plaques bilingues dans un quartier aujourd’hui…majoritairement peuplé d’étrangers et de français issus de l’immigration, notamment magrébine et turque.Le bilinguisme, en Alsace, un formidable levier d’intégration.Au-delà de ces soubresauts politiciens qui obéissent à leur propre logique, somme toute assez irrationnelle, la question de fonds demeure : qu’est ce qui plaide contre le principe de diffuser le bilinguisme, notamment dans la signalétique (mais également par la création de sites d’enseignement bilingue) dans des quartiers peu ou très peu peuplés « d’alsaciens de souche » ? Cela ne permet–il pas, au contraire, d’offrir aux « nouveaux alsaciens » de meilleures chances d’intégration dans un espace transfrontalier où cohabitent deux langues, le français et l’allemand ? En effet, le fait d’avoir quotidiennement du bilinguisme sous les yeux, notamment par le biais de plaques de rues bilingues, sensibilise petit à petit les habitants, quelle que soit leur origine, au caractère naturel de la présence des deux langues dans cette région et à l’opportunité voire la nécessité d’acquérir peu ou prou la connaissance de l’allemand.
Un ami exclusivement francophone –à l’origine- résidant à Brussel/Bruxelles, ville bénéficiant d’un réel statut bilingue (ce qui signifie qu’en dépit du fait que la ville soit francophone à 85 %, toute la signalétique y est bilingue), me déclarait récemment à cet égard, qu’à force d’avoir des noms de rues bilingues (français/flamand) sous les yeux, cela lui a permis d’acquérir des fondamentaux de la langue flamande et lui a donné envie de l’apprendre. Gageons qu’un phénomène analogue se développera en Alsace si la signalétique bilingue se développe et se généralise …
A cet égard, le bilinguisme peut donc constituer un formidable levier d’intégration et d’identification régionale, pour ces populations « immigrées »et/ou d’origine étrangère. Il est également remarquable et sympathique de constater qu’au marché (très cosmopolite) de Mulhouse, les marchands maghrébins baragouinent souvent an allemand avec … leur clientèle allemande ou suisse, voire même turque ou kurde (ou vice versa) établie en Allemagne ou en Suisse et qui fréquente avec assiduité ce marché mulhousien (appelé affectueusement : « der exotische Markt » par nos voisins. Quelque part, et c’est une évidence, l’épanouissement personnel et professionnel des habitants d’Alsace passe, dans notre espace transfrontalier, par la reconquête d’un bilinguisme réellement populaire, et non pas élitiste. Evelyne Schmitt-Troxlert estimait à cet égard que la langue et la culture régionale seront sauvés le jour où les populations récemment immigrées en Alsace inscriront naturellement leurs enfants dans les écoles bilingues… Acceptons en l’augure et la perspective et œuvrons en ce sens pour une Alsace ouverte, dynamique et réconciliée !Vivre l’Alsace
Plaques en français mais aussi en alsacien
Quatre nouvelles plaques de rues bilingues ont été inaugurées hier dans la CitéLes plaques de rues vont souvent par deux en Alsace. L’une indique le nom de la rue en français, l’autre en alsacien. Ce qui ne signifie pas que l’une soit la traduction exacte de l’autre. Souvent, en effet, le nom alsacien est le nom d’origine que l’histoire ou l’usage avait oublié ou traduit approximativement.
Double histoireMulhouse s’y est mise très sérieusement. Plus de 60 rues portent désormais les deux dénominations : la française en grand, la dialectale en plus petit, en dessous.
Quatre petites nouvelles ont été inaugurées hier matin par Evelyne Schmitt-Troxler, maire-adjointe chargée de la langue et la culture régionale et Pierre Freyburger, président du conseil de quartier : Vogelgassa (rue des Oiseaux), Sunnagassa (rue du Soleil), Bienastross (rue des Abeilles) et Stroburger Stross (rue de Strasbourg). Les plaques ont été dévoilées à l’occasion d’un petit circuit pédestre avec pour guide André Heckendorn, qui dirige la publication d’un livre exhaustif sur les noms des rues mulhousiennes – un ouvrage dont la publication est attendue pour la fin de l’année. L’occasion de discuter – par exemple – sur les origines possibles de la rue des Abeilles (allusion à Napoléon ou à la population ouvrière de Mulhouse ?). Ou encore sur la graphie de Stross, la rue. Mulhouse en tout cas, cultive sa double histoire.
Dévoilement rue du Soleil. On aurai besoin de soleil aujourd’hui…(Photo Darek Szuster)
L’Alsace Mulhouse
Droit de cité pour le dialecte
Quatre rue de la Cité seront rebaptisées en alsacien ce matin.L’association Culture et Bilinguisme qui a porté le projet avec le conseil de quartier Briand-Franklin veut ainsi afficher le dialecte dans l’espace public et amener les habitants à renouer avec la langue et les racines de leur ville.
Après la vielle ville c’est le tour de la Cité de voir ses rues devenir bilingues grâce à des plaques indiquant tant leur nom français que leur nom alsacien. Ce matin seront dévoilées dans le cadre de la manifestation E Friejohr fer unsuri Sproch (le printemps de notre langue) les quatre premiéres d’entre elles : la rue du Soleil / Sunnagassa, la rue des oiseaux / Voegelgassa, la rue des Abeille / Bienestross, la rue de Strasbourg/ Strossburger Stross. Huit autres suivront d’ici fin 2007 : le quai de la Cloche / Glockstada, le quai Forst / Forststada, la rue du Cerf/ Hischgassa, la porte Haute / Owertor, la rue de l’Aigle / Adlergassa, la rue Madeleine/ Wollegassa, et la rue du Traîneau / Schlittagassa.
Cité-Briand, « un quartier qui se mondialise »Notre souci est que la promotion du bilinguisme se positionne dans une perspective d’avenir qui évite les connotation folkloriques, identitaires ou passéistes », comment Patrick Hell, membre de l’association Culture et Bilinguisme, l’association soutenue par l’adjointe Evelyne Schmitt-Troxler, qui œuvre depuis 1991 à la diffusion du dialecte et à la traduction alsacienne des plaques. D’où le choix de Cité-Briand, « un quartier qui se mondialise » partant du postulat selon lequel « les Mulhousiens s’identifieront d’autant plus à leur ville qu’ils en connaîtront les différentes facettes de son histoire »
Dans ce même souci de proximité, le choix des rues et celui de leur traduction ont été discutés en conseil de quartier dans un esprit de démocratie participative. Cette expérience pilote pourrait service de plate-forme aux autres conseils de quartier désireux de se pencher sur l’histoire passée de leurs rues et de réinscrire le dialecte mulhousien sur les plaques bleues.
Le soleil se léve se matin sur le dialecte qui a désormais droit de … Cité (traduction libre de notre dessinateur Joan)
DNA Mulhouse G.G.
Douze nouvelles rues bilingues en 2007
Depuis 1990, la Ville de Mulhouse a mis en place de nombreuses plaques de rues bilingues.
En 1991, la rue du Sauvage (Wildemanngass) est la première artère mulhousienne à être baptisée. Bientôt les panneaux bilingues vont équiper l’ensemble des rues du centre historique. Fin 2006, ces plaques concernent 57 rues mulhousiennes. Certaines font l’objet de traductions étonnantes, comme celle de l’avenue Aristide-Briand – la fameuse “Stressla” qui peut se traduire en “petit chemin” – ou celle du parc de la Cotonnière baptisée “Baradrackgàrta” en référence à l’industriel Schwartz-Koechlin, qui distribuait à ses ouvriers une boisson à la réglisse pour les stimuler.
Cette dynamique se poursuit cette année, avec le baptême, dès ce printemps, de douze nouvelles rues bilingues essentiellement dans le quartier Cité-Briand. Les rues des Abeilles (Bienastross), du Soleil (Sunnagassa), des Oiseaux (Vogelgassa) et de Strasbourg (Strossburger Stross) seront officiellement baptisées, le 17 mars, dans le cadre de l’animation “Friehjor fer unseri sproch, un printemps pour notre langue”. Une manifestation organisée par l’hebdomadaire l’ Ami Hebdo et l’Office pour la langue et la culture d’Alsace. Toutes ces rues seront par la suite présentées dans les pages “Langue et culture régionale” de L’Écho mulhousien qui, depuis 2003, permettent aux Mulhousiens de mieux connaître l’origine des noms. Une traduction en dialecte est d’ailleurs assurée par Patrick Ziegler du Cercle théâtral alsacien
Mulhouse compte 57 rues équipées de plaques bilingues. Douze nouvelles rues seront baptisées ce printemps.
L’écho mulhousien