Le mot de Patricia Schillinger
Je m’implique dans la reconnaissance officielle des langues régionales comme l’un des éléments essentiels du patrimoine national. Même si des initiatives sont menées, nos langues régionales restent encore menacées dans leur transmission et leur développement. Il faut inciter les pouvoirs publics à prendre des mesures efficaces pour assurer la défense et le développement des langues régionales ou minoritaires. Nous devons mener une politique plus volontariste pour convaincre le plus grand nombre du rôle majeur du bilinguisme dans l’économie, particulièrement dans les zones frontalières. Dans mon département, en plus de l’atout touristique incontestable, 40.000 haut-rhinois occupent un emploi en Suisse ou en Allemagne. La langue régionale doit être véhiculée efficacement, afin de sensibiliser également les citoyens à l’aspect historique. Cela se manifeste, entre autres, par le développement généralisé d’une signalétique bilingue proposant une dimension biculturelle. Dans ma commune de Hégenheim, on y arrive progressivement, en proposant des plaques bilingues sur certains sites de la commune. La population semble adhérer à cette initiative qui éveille une curiosité culturelle indéniable.
Patricia Schillinger
Sénateur du Haut-Rhin – 2008
Maire de Hégenheim (PS)Le mot de Fred Muller
Bilingue, bilinguisme,
Bilingue, bilinguisme…mots magiques
Je repose bien sûr la sempiternelle question qui hérisse les intégristes de tout poil : qu’entend-on par là ?Deux langues certes, mais lesquelles ?
Dans les journaux des pages entières traitent du bilinguisme sans que l’on puisse détecter de quelles langues il s’agit; si, vers la fin, on lit parfois allemand ou ces derniers temps alsacien.Je suis perdu, à l’aide !
Un recteur bien connu a décidé que la langue régionale d’Alsace serait l’allemand à l’écrit et l’alsacien à l’oral. Also auf Deutsch weiter, denn diese Sprache kann man nur auf deutsch schreiben. Elsässerdeutsch schreibt man nicht. Awer babble duet m’r uf Elsèsisch!
Mais que vois-je ? Des plaques bilingues sont installées à Mulhouse. Je me dis donc, dans ma logique d’alsacien respectueux des lois : ça y est, ils nous ont mis des plaques français/allemand !
(Rappelez-vous : l’allemand à l’écrit et l’alsacien à l’oral).Eh bien non !!! Figurez-vous que ces plaques sont écrites en français et …en alsacien !!! Unmöglich, unméjlich, unméglig.
Je m’y oppose ! C’est un traumatisme pour nos chères têtes blondes qui, dans leurs classes bilingues n’apprenant QUE l’allemand, se rendent compte qu’il y a des plaques bilingues en alsacien. Ca ne s’écrit pas a dit le recteur et les textes !
Je demande donc que ces plaques soient démontées et remplacées par des plaques en langue régionale de France : l’allemand.
Fred Muller
Auteur de Théâtre Dialectal Contemporain – 2008Le mot de Pierre Freyburger
Au commencement il y a Mülhausen, village construit autour des moulins. Au fur et à mesure de son industrialisation Mulhouse, ville ouvrière, va grandir grâce à l’apport de grandes vagues d’immigration.
Ce sont d’abord les pauvres venus du Sundgau, de Suisse, d’Allemagne, de Montbéliard qui viennent travailler dans l’industrie des toiles peintes: Entre 1754 et 1789 la population mulhousienne augmente de 90% ! Au siècle suivant elle est multipliée par 10.
Avec l’exploitation de la potasse en 1920 on manque encore de bras et on recrute en Italie, en Pologne. Puis l’industrie automobile va chercher de la main d’œuvre au Portugal, au Maghreb.
Ces ouvriers, venus de partout, ont pour beaucoup un point commun : ils ont bien souvent appris l’alsacien sur leur lieu de travail avant même d’apprendre le français. Cet alsacien de Mulhouse qui s’est construit au fil des siècles en s’enrichissant des multiples apports des dialectes germaniques, franciques et autres.
C’est pourquoi cette histoire, l’histoire de Mulhouse, fait partie intégrante de notre histoire à tous, mulhousiens d’aujourd’hui. Cette sympathique initiative des plaques bilingues nous permet de redécouvrir le passé de notre ville et donc de mieux comprendre son présent.Pierre Freyburger
Conseiller Général du Haut-Rhin – 2008
Parti Socialiste (PS)Le mot de Gérard Freulet
Aussi éloignées de la nostalgie passéiste de temps révolus que de la table rase chère aux ennemis de toute identité, les plaques bilingues témoignent d’une volonté de préserver les racines de notre bonne ville pour lui permettre de se tourner avec assurance vers son avenir.
Ville à bien des égards atypique, Mulhouse n’en reste pas moins profondément alsacienne, même si ses élites ont pratiqué plus tôt qu’ailleurs dans notre province la langue nationale. Ville industrielle, Mulhouse s’est nourrie d’une immigration sans cesse renouvelée, mais à l’origine surtout sundgauvienne.
Les plaques bilingues rappellent d’une certaine manière ces temps glorieux du « Manchester français », où cohabitaient la fabricantocratie francophone et le prolétariat dialectophone.
Certes l’alsacien a beaucoup régressé à Mulhouse et ce, avant même qu’une immigration trop souvent subie, pour ne pas dire encouragée, aux origines variées ait ajouté ses strates aux plus anciens sédiments régionaux. L’abandon du dialecte s’est trouvé aussi peu d’adversaires à une certaine époque que le sacrifice du patrimoine architectural de la ville n’a rencontré d’obstacles.Ces temps sont heureusement révolus. Une politique patrimoniale active existe. L’heureuse systématisation de plaques bilingues complète harmonieusement ce retour aux sources dont ne peuvent se passer ni les individus ni les sociétés pour aller de l’avant. Un proverbe canadien résume bien la situation « on ne déracine jamais un érable »!
Il est regrettable à cet égard que de récentes et prestigieuses réalisations, à l’instar de la Fonderie n’aient pas été concernées par cette réappropriation des racines, puisque la référence à la « Giesserie » y est quasi-inexistante. De même qu’ on pourra trouver souhaitable que des lieux emblématiques et centraux de notre ville, la Porte Jeune par exemple, reçoivent de manière visible une double dénomination bilingue.
Plus encore il faut déplorer l’insuffisante prise en compte à divers niveaux de l’importance décisive pour Mulhouse du bilinguisme à l’école. Enfin autre témoin caractéristique, l’épisode récent des professions de foi bilingues, repêchées in-extremis, alors que le Ministère avait décidé, sans concertation, de les supprimer !
Puissent ces plaques rappeler à nos élites d’aujourd’hui, souvent aussi obnubilées par l’anglais que leurs devancières le furent par le français, que Mulhouse est d’abord en Alsace, dans un bassin industriel qui compte l’une des métropoles suisses les plus dynamiques et qui est de langue allemande. S’en couper par un oubli de l’alsacien serait se couper de notre avenir comme de notre passé.Gérard FREULET
Mouvement Pour la France (MPF) – 2008A
Le mot de Bernard Stoessel
Milhüsa zweisprachig Strossdafflà oder wie m’r nawedra kat seeIl y a deux manières d’être « à côté de la plaque », en matière de plaques bilingues.
La première consiste à penser que, au mieux, cela n’est que du folklore, au pire, que cela ne sert à rien.
Mélange d’inculture, de complexe identitaire et de germanophobie, cette attitude, encore trop fréquente bien qu’en recul, a pour origine et pour conséquence d’avoir de l’Alsace une vision étriquée de région française standard, copie conforme formatée d’entités administratives découpées en fonction d’un modèle centralisé.
L’Alsace vaut mieux que cela et il est vital pour elle qu’elle résiste aux pressions, internes et externes qui voudraient la faire « rentrer dans le rang ».s’Elssass het a Seel : sini Sproch
Eliminer sa langue, c’est tuer son âme. La faire vivre, par tous les moyens, en toutes circonstances, c’est la faire vivre. La rue est l’endroit privilégié de l’expression populaire. C’est là qu’elle doit avoir droit de cité, plus qu’ailleurs. Les plaques bilingues sont là pour éveiller les consciences endormies des dialectophones et susciter l’intérêt de ceux qui n’ont pas eu la chance d’être nourris, dès le plus jeune âge, par les saveurs d’un dialecte aux multiples richesses, clef pour avoir accès facilement à l’allemand standard dont il est si proche. Une politique volontariste en faveur des plaques bilingues est donc indispensable.
La deuxième manière d’être « à côté de la plaque » sur ce sujet consiste à penser que cette initiative est suffisante pour que l’atout que constitue le bilinguisme ne se perde pas. Ceux qui le croient ou font semblant de le croire sous-estiment le danger que courent les jeunes générations de voir le patrimoine linguistique de notre région être définitivement et irrémédiablement perdu. Aujourd’hui, même ceux qui étaient insensibles ou méfiants par rapport au contenu identitaire du bilinguisme sont obligés de convenir que l’avenir de la situation économique et de l’emploi de l’Alsace est largement lié à celui du développement des capacités linguistiques des jeunes alsaciens. Par rapport à cet enjeu, la politique des plaques bilingues est un signal important, mais elle n’est que le signe d’une sensibilisation et d’une prise de conscience. Elle ne peut pas tenir lieu de politique linguistique. Elle est donc nécessaire, mais pas suffisante.
Ce qu’il faut, pour l’Alsace, c’est une politique linguistique globale, élaborée en concertation avec tous les partenaires des pouvoirs publics, de l’éducation, de la formation, de la culture, des médias, des associations…. Alli muen metmachà !
Ne pas la mettre en œuvre, ce serait, à coup sûr, pour l’Alsace, être à côté de la plaque. « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »*, mais il n’est pas interdit d’avoir de l’espoir pour agir, ni de se féliciter des réussites pour poursuivre l’effort.
La promotion des plaques bilingues faite par ce site en est une, exemplaire au sens fort du terme. Merci à François Guemguem et Patrick Hell d’en être les initiateurs méritants et les infatigables animateurs.
Vilmol merci un vergassa’s net, met zweisprachig Strossdafflà, kat m’r sich nem verliere en Milhüsa !
30 novembre 2007
*(Citation attribuée à Guillaume d’Orange, reprise d’un aphorisme de Charles le Téméraire)Bernard Stoessel
Vice-Président du Conseil Régional
Président de la commission Formation initiale, éducation et enseignement de la langue régionale
Adjoint au Maire de Mulhouse
Mouvement Démocrate (MoDem) – 2008Decembre 2007
S’esch boll Wiehnàchta,
c’est bientôt Noël
Es ist bald Weihnachten !!!Nous allons donc bientôt fêter la naissance de l’enfant Jésus, celui qui ensuite accomplit des miracles, (on ne vous apprend rien), tels que la multiplication des pains… Tiens, il serait d’ailleurs bien inspiré, le petit Jésus, de refaire un petit tour en notre bas monde, afin de multiplier nos… plaques bilingues à Mulhouse !
Certes, la Municipalité nous annonce bien 8 nouvelles rues dans le quartier Cité-Briand au printemps, ainsi qu’une plaque bilingue au niveau du nouveau pont de la Fonderie… et c’est (presque) un miracle. Acceptons en l’augure et attendons encore un peu, car tel Saint Thomas, nous sommes enclins à ne croire que ce que nous voyons.
A terme, il serait à cet égard hautement souhaitable que les plaques bilingues essaiment dans l’ensemble des quartiers mulhousiens ; tel pourrait être un bel objectif pour la nouvelle municipalité qui sera aux affaires en 2008, non ?
Et puisque nous sommes dans le registre des miracles, si on se projetait dans un avenir (relativement) lointain – c’est du moins le plus grand mal qu’on lui souhaite- ? Voici, ci-dessous, prémonitoire, une plaque qui pourrait orner un jour une place de Mulhouse. Cette plaque existe déjà bel et bien : elle fut dévoilée la semaine dernière, vendredi 14 décembre, par André Heckedorn lors de la présentation officielle, par son fait, du fabuleux ouvrage sur les « rues de Mulhouse ». NB : La couverture de ce livre dont il fut la cheville ouvrière et le coordinateur de l’équipe de rédaction, figure à gauche de votre écran. Il comporte par ailleurs toutes les photos des 60 (!) rues bilingues de Mulhouse.
Affichant le nom du Maire de Mulhouse, actuel secrétaire d’Etat… à la francophonie, (sacré clin d’oeil !) la plaque « Jean-Marie Bockel Platz » (bien sur corroborée par le mot « place » ) constitue un fort bel hommage à l’ambition bilingue de notre ville et de notre région, ce que celui-ci a d’ailleurs souligné face à une assistance conquise et … enthousiaste. Une « Place Jean-Marie Bockel – Platz« , même s’il s’agit (pour l’heure) encore d’une galéjade, qui aurait osé ce « coup » il y a seulement 10 ans ? Cela signifie assurément que les mentalités évoluent positivement en Alsace et que les Mulhousiens affichent désormais une réelle et heureuse décomplexion dans ce domaine.
Merci au presque 15 000 (!) visiteurs de ce site, depuis sa création il y a un peu plus d’un an,
A scheni Wiehnàchta, und e güter Rutsch…
Joyeux Noël et bons baisers de Mulhouse de France
et viva 2008Janvier 2008
dimanche 13 janvier 2008 18:34BONNE ANNEE 2008. FROHES NEUES JAHR 2008.
L’année 2008 (serait-ce la proximité des élections municipales
commence fort bien à Mulhouse, puisque notre ville peut s’enorgueillir depuis peu de 4 nouvelles rues bilingues (dans le quartier Cité-Briand, suite à une demande en ce sens du Conseil de quartier). Il s’agit en l’occurrence des rues du brochet, de l’aigle, du cerf et du traineau. Vous trouverez des photos de ces nouvelles plaques dans la rubrique « Mulhouse tout en images ».
Mulhouse compte désormais 65 rues et lieux bilingues (sur environ 900). Espérons que la nouvelle Municipalité, aux affaires à partir de mars 2008, fasse preuve d’ambition et de détermination pour que petit à petit les plaques bilingues essaiment dans tous les quartiers de Mulhouse. En tout cas, elles bénéficient aujourd’hui d’un réel consensus politique, et, on peut le dire, d’un véritable engouement de la part tant des Mulhousiens que des touristes. Alors pourquoi la signalétique bilingue ne deviendrait-elle pas progressivement la « norme » en la matière ?
Par ailleurs, politiquement le mystère demeure entier quant à la personne qui s’occupera ä partir de mars de la langue et de la culture régionale au sein de la nouvelle municipalité…
Notre site s’enrichit quant à lui d’une nouvelle rubrique » dessins « , consacrée à la présence de la langue régionale dans la sphère privée. Le très sympathique restaurant « aux caves du Vieux couvent », rue du couvent, inaugure cette nouvelle rubrique, car on y trouve de très belles fresques que nous vous invitons à découvrir. Un bel exemple pour les autres restaurants de Mulhouse…
Enfin, début d’année, notre site a franchi la barre des 15 000 visiteurs !!! Vilmol merci à tous pour votre intérêt et votre fidélité et n’hésitez pas à venir régulièrement nous rendre visite, il y a toujours des nouveautés à découvrir… et à nous laisser un petit mot dans notre blog …
Novembre 2007
Dernière heure !! Le Conseil municipal de Mulhouse, réuni le 19 novembre, a décidé d’apposer une plaque bilingue au niveau du « pont de la fonderie », franchissant le canal du Rhône et Rhin. Cet ouvrage amorce, au niveau de la nouvelle fac des sciences économiques et sociales, la nouvelle « voie sud » desservant la gare et complétant le ring de Mulhouse… Une décision prise par la Municipalité, « parce que cela répond à une demande » illustre le Premier Adjoint Eugène Riedweg qui présenta le rapport afférent. S’il suffit de demander…
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Veuillez découvrir en ce mois de novembre 2007 (toujours lumineux…) une nouveauté très intéressante sur note site, en l’occurrence le point de vue (très pointu également en langue française, prévoyez éventuellement un dictionnaire de Marie-Claire Vitoux, Présidente de Conseil consultatif du patrimoine mulhousien. De plus, un tel sourire qui illumine la galerie des portraits, cela ne gâche rien, bien au contraire…
Au demeurant, juste une petite remarque sur l’allusion de Marie-Claire Vitoux quant à la « germanisation » de l’Alsace. Certes, les langues -bien qu’intrinsèquement innocentes- sont leviers de pouvoir pour différents nationalismes. Certes, il y eut notamment à l’époque du « Reichsland Elsass- Lothingen » (1870-1918) une politique de germanisation dans une Alsace devenue quand même « officiellement » allemande, avec pour « langue officielle » l’allemand…
D’un autre coté, s’il y eut « germanisation » à partir de 1870, c’est qu’il y a eu d’abord auparavant diverses campagnes de … »francisation » sous divers régimes français, la langue originelle (enfin depuis la venue des allamands vers le 7ème siècle) et par voie de conséquence la toponymie étant en Alsace largement… de langue allemande (il suffit aujourd’hui encore de jeter un coup d’oeil dans le cadastre…). Ensuite, le 2ème empire allemand (à la différence notable du 3ème Reich.. et de divers régimes français…) s’est montré globalement plutôt tolérant -en dehors des périodes de crises, tel que le 1er conflit mondial-, envers l’Alsace. Les enclaves romanes francophones d’Alsace bénéficiaient alors d’un début de scolarisation en français, avant de passer plus ou moins vite à l’allemand. et de devenir par voie de conséquence bilingues.
Zone de contact -hélas parfois de conflits- entre deux Etats nations, entre deux sphères d’influences culturelles, l’Alsace a toujours connu (à des degrés divers, en fonction des périodes) des mouvements (plus ou moins) francophiles (souvent fortement valorisés) et (plus ou moins) germanophiles (souvent fortement minorés) par l’histoire officielle, science difficilement parfaitement objective. Ainsi, dans les livres d’histoire français, l’on constate au passage que si l’Allemagne passe son temps à « annexer », la France par contre a la délicatesse de « rattacher » ou de « réunir » … On a des exemples très proches géographiquement …
Les « ultra-patriotes français » du registre de Zisslin et de Hansi sont souvent aujourd’hui mis en exergue comme reflétant l’Opinion de l’Alsace d’alors avec un grand « O »… mais au vue des résultats électoraux des mouvements qui leur étaient proches, ces derniers ne représentaient alors qu’une minorité -certes très agissante et quelque part manipulée par des revanchards français – des Alsaciens. Leurs caricatures, souvent féroces, des immigrés allemands s’apparentent de certaines caricatures anti-immigrés des caricaturistes proches de l’extrème-droite …
On est guère éloigné d’un certain racisme, voire plus (ex : le dessin emblématique , signé Hansi, d’une ville alsacienne en 1918 , où l’on voit une vitrine caillassée avec pour inscription : « maison de sale boche », ce qui se rapproche au passage à des très mauvais souvenirs antisémites de l’Allemagne nazie.. Vous remplaceriez aujourd’hui « boche » par « bougnoul » (désolé des termes péjoratifs utilisés) et vous auriez toutes les associations de lutte contre le racisme sur le dos et sans doute de cinglantes (et justifiées) condamnations… « Comparaison n’est pas raison », certes, le contexte n’est pas le même non plus, mais y aurait-il en ce bas monde des racismes ou xénophobies incorrectes et d’autres qui seraient acceptables ? Il y a de quoi rester songeur… Enfin, cela devrait nous inciter à relativiser beaucoup de choses, et notamment l’histoire d’une Alsace … qui reste sans doute quelque part à réécrire… alles beschta und güeter Spotjohr
N’oubliez pas la Giesserei !
Un habitant de la rue des Monteurs, ancien de la SACM :
« la fonderie, pour nous ,c’était la Giesserei. C’est bien de sauver un bâtiment, mais il faudrait aussi sauver ce nom. La ville a déjà engagé une politique fort sympathique de plaques de rues bilingues qui, j’espère, va se poursuivre. On pourrai imaginer, dans le même esprit, qu’au fronton de la future faculté, on affiche « La fonderie- d’Giesserei », à l’instar de la maison de quartier qui porte déjà une telle inscription bilingue ?Devant la fonderie
L’Alsace Mulhouse
Octobre 2007
Chauffé par la douceur automnale du « Goldener Oktober », (« l’octobre doré » pour les néophytes…), Mulhouse vit dans la fébrilité d’une grande période pré-électorale qui devrait permettre de renouveler l’équipe aux rênes de la ville… et de donner un nouvel élan à la promotion de la langue et de la culture régionale dans notre bonne cité ? … Avec quel(le) adjoint(e) délégué(e) à la langue et à la culture régionale ? Evelyne Schmitt-Troxler sera-t-elle reconduite dans cette mission ? Ce sacerdoce devrait on dire… Passera-t-elle le relais ? Les paris sont ouverts et le suspens quasi- insupportable…
Mulhouse attend pourtant toujours la réelle « renaissance » (pour reprendre le vocable promu actuellement par la communication de la ville) de sa langue et culture originelles, par notamment la mise en place d’un véritable maillage en sites bilingues (ils sont au nombre de 6 sur un total de 41 à ce jour), afin de démocratiser l’accès à l’enseignement bilingue à tous les parents d’élèves intéressés. Sous réserve bien sûr que la demande soit stimulée, par une sensibilisation objective des parents aux enjeux et atouts de cet enseignement bilingue. Actuellement, il faut reconnaître que les parents sont souvent découragés dans leur velléités sous de bien fallacieux prétextes…
Alors que l’on s’achemine vers une nouvelle édition, du 8 au 16 mars 2008 du « Friehjor fer unsri Sproch » (« un printemps pour notre langue » , pour les néophytes carrément béotiens, là…) , on attend toujours de voir fleurir des plaques bilingues dans l’ensemble des quartiers de Mulhouse, afin de créer un environnement qui soit réellement une émulation au bilinguisme. Toutefois, 8 nouvelles rues « bilingues » sont annoncées pour le printemps 2008 dans le quartier Cité-Briand, suite à une nouvelle mobilisation du conseil de quartier en ce sens lors de sa séance du 9 octobre dernier. Nous y reviendrons dans un prochain édito.Alles beschta.
Plaques bilingues à Mulhouse, l’aventure continue.
Mulhouse : les habitants du quartier Cité-Briand se mobilisent pour la mise en place de plaques de rues bilingues dans leur quartier. Enjeux et polémiquesNous l’avions évoqué dans notre précédent numéro (« Vivre l’Alsace » n° 10 d’avril 2007), un programme de mise en place de plaques bilingues dans 12 rues de ce quartier périphérique du centre ville de Mulhouse, très populaire et somme toute… très cosmopolite, a été engagé le 17 mars dernier, par l’inauguration de 4 nouvelles plaques bilingues, dans le prolongement des 57 rues de Mulhouse (essentiellement dans la vielle ville) d’ores et déjà dotées d’une signalétique bilingue. Des festivités, sous le double patronage d’Evelyne Schmitt-Troxler, Maire-Adjointe à la langue et à la culture régionale et de Pierre Freyburger, Président du Conseil de quartier Cité-Briand, ont marqué l’événement. Des élus de la Ville, des représentants d’associations et de nombreux habitants du quartier, dont plusieurs conseillers de quartier, s’étaient mobilisés pour la circonstance, au cours d’une cérémonie festive qui compta une cinquantaine de participants. Des associations de promotion du bilinguisme (Eltern 68 et Culture et Bilinguisme) tinrent des stands à cette occasion, leur permettant de dialoguer avec les élus et la population.
Une démarche participative exemplaire et consensuelleLa mise en place de ces plaques bilingues procède d’un engagement exemplaire du Conseil de quartier qui fut à l’initiative de ce projet soutenu et porté ensuite par les élus concernés, et notamment les maires-adjoints Pierre Freyburger et Evelyne Schmitt-Troxler. En effet, c’est le conseil de quartier , composé d’habitants bénévoles, qui a initié et instruit lui-même le dossier, sélectionné les rues les mieux à même de porter une appellation bilingue, discuté les dénominations dialectales, et tout ceci dans un esprit ludique, empreint d’un véritable enthousiasme et dont les décisions firent l’objet d’un consensus. Ce consensus fut d’autant plus remarquable , qu’à l’instar de ce quartier très cosmopolite, le Conseil de quartier s’avère lui-même … très minoritairement composé « d’Alsaciens de souche ». Or les « nouveaux Alsaciens », pour utiliser une formule générique s’appliquant aux habitants non-natifs ou non originaires d’Alsace, ne furent pas les moins enthousiastes, affichant parfois un réel plaisir, notamment lors de la réunion portant sur le choix des dénominations dialectales, à découvrir et à s’évertuer à bien prononcer (certes avec une sympathique pointe d’accent) les noms en alsacien. « Va falloir que je m’y mette sérieusement » déclara par exemple notamment à cette occasion un conseiller municipal originaire d’outre-Vosges. Une preuve, s’il était nécessaire, que les plaques bilingues peuvent agir comme stimulant à l’apprentissage de l’alsacien ? Ben oui, nous y reviendrons.
De réticences en polémiquesOr, l’affaire n’allait pas de soi. Du coté de la municipalité socialiste, d’aucuns considéraient un tantinet incongru le principe même de diffuser des plaques bilingues hors du strict périmètre de la vielle ville. Or, circonscrire cette signalétique bilingue à la « Vielle ville » équivaut à cantonner le dialecte et par voie de conséquence le bilinguisme dans une connotation passéiste, historique, voire folklorique, dont il faut pourtant absolument s’émanciper si l’on souhaite lui conférer une réelle dimension d’avenir. Il est à cet égard fondamental que la signalétique bilingue investisse en Alsace d’autres quartiers que ceux qualifiés de « vielle ville ». En s’inscrivant dans des quartiers plus récents, le dialecte et le bilinguisme acquièrent de la sorte une touche de modernité, mais surtout de reconnaissance de leur présence somme toute naturelle en Alsace, de par leur qualité de composante intrinsèque de la double culture caractéristique de notre région. La signalétique bilingue constitue à ce titre l’un des principaux leviers de sauvegarde et de promotion d’une double culture, empreinte de bilinguisme, et toutes les régions ou pays qui ont une telle ambition (Bretagne, Pays de Galle, Sud-Tyrol etc.…) y ont très largement recours. Evelyne Schmitt-Troxler est parvenue à faire passer, avec la pugnacité qu’on lui connaît, ce message au sein de la municipalité socialiste. Il faut le souligner et le saluer.
Plus surprenant, une certaine polémique fut également alimentée par certains ténors de l’extrême droite mulhousienne, qui tout en se déclarant de farouches défenseurs de la langue et de la culture régionale, dénoncèrent l’incongruité, à les entendre, de mettre en place des plaques bilingues dans un quartier aujourd’hui…majoritairement peuplé d’étrangers et de français issus de l’immigration, notamment magrébine et turque.Le bilinguisme, en Alsace, un formidable levier d’intégration.Au-delà de ces soubresauts politiciens qui obéissent à leur propre logique, somme toute assez irrationnelle, la question de fonds demeure : qu’est ce qui plaide contre le principe de diffuser le bilinguisme, notamment dans la signalétique (mais également par la création de sites d’enseignement bilingue) dans des quartiers peu ou très peu peuplés « d’alsaciens de souche » ? Cela ne permet–il pas, au contraire, d’offrir aux « nouveaux alsaciens » de meilleures chances d’intégration dans un espace transfrontalier où cohabitent deux langues, le français et l’allemand ? En effet, le fait d’avoir quotidiennement du bilinguisme sous les yeux, notamment par le biais de plaques de rues bilingues, sensibilise petit à petit les habitants, quelle que soit leur origine, au caractère naturel de la présence des deux langues dans cette région et à l’opportunité voire la nécessité d’acquérir peu ou prou la connaissance de l’allemand.
Un ami exclusivement francophone –à l’origine- résidant à Brussel/Bruxelles, ville bénéficiant d’un réel statut bilingue (ce qui signifie qu’en dépit du fait que la ville soit francophone à 85 %, toute la signalétique y est bilingue), me déclarait récemment à cet égard, qu’à force d’avoir des noms de rues bilingues (français/flamand) sous les yeux, cela lui a permis d’acquérir des fondamentaux de la langue flamande et lui a donné envie de l’apprendre. Gageons qu’un phénomène analogue se développera en Alsace si la signalétique bilingue se développe et se généralise …
A cet égard, le bilinguisme peut donc constituer un formidable levier d’intégration et d’identification régionale, pour ces populations « immigrées »et/ou d’origine étrangère. Il est également remarquable et sympathique de constater qu’au marché (très cosmopolite) de Mulhouse, les marchands maghrébins baragouinent souvent an allemand avec … leur clientèle allemande ou suisse, voire même turque ou kurde (ou vice versa) établie en Allemagne ou en Suisse et qui fréquente avec assiduité ce marché mulhousien (appelé affectueusement : « der exotische Markt » par nos voisins. Quelque part, et c’est une évidence, l’épanouissement personnel et professionnel des habitants d’Alsace passe, dans notre espace transfrontalier, par la reconquête d’un bilinguisme réellement populaire, et non pas élitiste. Evelyne Schmitt-Troxlert estimait à cet égard que la langue et la culture régionale seront sauvés le jour où les populations récemment immigrées en Alsace inscriront naturellement leurs enfants dans les écoles bilingues… Acceptons en l’augure et la perspective et œuvrons en ce sens pour une Alsace ouverte, dynamique et réconciliée !Vivre l’Alsace