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L’alsacien gagne du terrain

Patrimoine / Plaques de rues bilingues

En ce début d’été, cinq nouvelles rues mulhousiennes ont désormais leur nom inscrit à la fois dans la langue de Molière et celle de Hansi. Ces plaques bilingues visent surtout à entretenir la mémoire des racines de la cité du Bollwerk.

Elles donnent un charme local teinté d’un certain exotisme pour les touristes et d’une affection nostalgique pour les Mulhousiens. Les petites plaques alsaciennes apposées au-dessous de leurs consoeurs francophones comptent cinq nouvelles recrues : la « Kaiwagassla », la « Burggàss » la « Gymnasiumstrosss », la « Looschawinkel » et la « Johannesgàss ». Soit les appellations alsaciennes respectives de la rue de la Bibliothèque, du Bourg, du Collège, de la Loge et de la rue Saint-Jean.

Soixante-dix rues sont déjà marquées par la double dénomination

Celles-ci s’ajoutent donc à plus de soixante-dix rues déjà marquées par la double dénomination. La première ayant été la rue du Sauvage (« Wildemannsgass ») dont la plaque alsacienne a été inaugurée en 1991. L’événement avait alors donné lieu à plusieurs lettres de protestation dénonçant la « germanisation » de la cité du Bollwerk. L’arrivée de ces cinq nouvelles plaques n’a, elle, engendré aucune polémique jusqu’à maintenant.
Le but de la cellule « Langue et culture régionale » de la Ville de Mulhouse est, lui, bien de rassembler et non de diviser selon les dires de Patrick Hell :« Cette opération reflète une volonté politique de permettre aux habitants de développer une fierté à l’égard de la langue alsacienne en la sortant du ghetto de la sphère privée. » On remarque également que ces rues se situent autour de la porte du Miroir et non dans le centre historique. En effet, la cellule considère qu’il est essentiel de ne pas circonscrire les plaques bilingues à la « vieille ville » afin d’éviter la « muséification » de l’alsacien de sorte à ne pas l’enraciner uniquement dans le passé. De plus, il apparaît clair que donner un nom alsacien retranscrit parfaitement le patrimoine culturel lié aux lieux et permet de mieux comprendre leur origine en respectant l’Histoire. On peut citer à titre d’exemple le « Baradrack Garta » dont le nom français (« Le Parc de la Cotonnière ») n’est nullement une traduction. En effet : « Garta » signifie le jardin tandis que « Baradrack » se traduirait littéralement par « crotte d’ours » et renvoie en fait à la réglisse. Pour décrypter le message, il faut se replonger dans le temps où M. Koechlin dirigeait la Cotonnière et distribuait à ses ouvriers des boissons parfumées à la réglisse pour stimuler leur activité. Les habitants du quartier surnommèrent alors la Cotonnière du nom gravé aujourd’hui sur la plaque du parc. On comprend ainsi que le dialecte restitue davantage l’authenticité du passé mulhousien.
L’augmentation du nombre de rues portant le double nom va donc dans le sens d’un enrichissement culturel, ce qui en pleine saison estivale et touristique ne peut être que bienvenu.

La rue du Bourg fête sa traduction alsacienne sous le soleil. (Photo DNA) DNA Mulhouse Julien Marion

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